Aussi étonnant que cela puisse paraître, un petit pays africain, enclavé, dit pourtant posséder une flotte maritime et un port.
Eswatini, cela vous dit quelque chose? Peut-être que non. Alors Swaziland jusqu’en 2018? Normalement oui. Vous avez une notion de géographie politique, vous avec compris qu’il s’agit d’un royaume enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. Autrement dit, aucune ouverture maritime.
Jusque-là, rien d’anormal. Seulement voilà, le royaume d’Eswatini tient un registre maritime depuis octobre 2023 avec une dizaine de navires et promeut les mérites du port de Mbabane sa capitale, pourtant loin dans les terres, comme le rapporte le site web geo.f.
C’est le journal The Economist qui aurait découvert cette curiosité : le port de Mbabane, des photo de navires de croisières, et surtout cette promesse de « services maritimes et d’enregistrement de navires de la plus haute qualité ».
Et le site de détailler : « Le port de Mbabane est le port du Royaume d’Eswatini, situé sur la côte est de l’Afrique du Sud. Il s’agit d’un terminal polyvalent qui traite les conteneurs, les vraquiers, les pétroliers, les petits navires à passagers et autres ».
Et d’expliquer : le royaume étant enclavé, le port de Mbabane, la capitale, est en fait un « port sec », situé à près de 150 km de la mer et à 30 km d’une liaison ferroviaire avec Maputo, capitale côtière du Mozambique.
Donc, comment cela marche-t-il?
À l’instar d’autres petits pays tels que le Panama, le Vanuatu ou encore le Liberia, l’Eswatini ne propose que son pavillon aux armateurs, contraints par le droit maritime d’arborer un drapeau du pays d’enregistrement. « Le pavillon n’est pas nécessairement lié au pays du propriétaire du navire : ainsi la flotte MSC, basée à Genève, navigue en grande partie sous le pavillon du Liberia ».
« D’ailleurs, note The Economist, le Liberia, le Panama et les Îles Marshall représentent aujourd’hui près de la moitié de la flotte mondiale, en termes de tonnage. Ils sont choisis par les armateurs pour leur fiscalité, leur droit du travail et leurs obligations de sécurité peu contraignants ».
Ainsi, le Liberia affiche de bons antécédents en matière de respect des normes internationales par l’ensemble de ses flottes, alors que « d’autres proposent seulement une « façade de contrôle légal » », selon la Lloyd’s List Intelligence. C’est le cas du Cameroun, du Vanuatu ou de la Sierra Leone, « classés par l’organisation Paris MoU – qui vise à éliminer l’exploitation de navires inférieurs aux normes – dans la « liste noire » ».
Maintenant, vous comprenez pourquoi et comment un pays enclavé peut avoir un port et une flotte. La seule condition étant le respect des normes internationales de navigation.