Après bientôt cinq mois de guerre meurtrière à Gaza, une accalmie pourrait se profiler à l’horizon. Le président américain Joe Biden vient d’annoncer qu’Israël était prêt à cesser ses opérations militaires à Gaza pendant le ramadan. Une trêve pour permettre la libération de tous les otages qui se trouvent encore aux mains du Hamas.
Il y a toujours de la lumière au bout du tunnel. Alors que les forces d’occupation israéliennes, sourdes à l’émoi international suscité par l’annonce d’une imminente attaque terrestre contre la ville de Rafah, se préparent à donner le coup de grâce à près de 1,5 million de civils exsangues, à bout de force et affamés par cinq mois de guerre, et contraints de manger des feuilles, du fourrage pour le bétail, voire d’abattre des animaux de trait pour se nourrir; les pourparlers pour un cessez-le-feu entamés par l’Égypte, le Qatar, les États-Unis et la France pourraient déboucher sur une trêve temporaire entre Tsahal et le Hamas, à l’occasion du mois saint de Ramadan.
D’après des sources concordantes, le Hamas aurait reçu une proposition de cessez-le-feu de 40 jours après la réunion de Paris. Elle prévoit, d’une part, la libération de 40 d’otages, à savoir des femmes, des enfants et jeunes de moins de 19 ans, des personnes de plus de 50 ans et des malades, en échange de celle de 400 prisonniers palestiniens par Israël. D’autre part, le retour progressif de tous les civils déplacés dans le nord de la bande de Gaza, hormis les hommes en âge de faire leur service militaire. Enfin, l’entrée de 500 camions par jour d’aide humanitaire, contre une centaine actuellement et la réhabilitation des hôpitaux et boulangeries dévastés.
Le « oui, mais » de Biden
« Le ramadan arrive et il y a eu un accord des Israéliens selon lequel ils ne s’engageraient pas dans des opérations durant le ramadan, afin de nous donner le temps de faire sortir tous les otages toujours sur place ». C’est ce qu’affirmait le président américain Joe Biden lundi 26 février, sur la chaîne de télévision américaine NBC. Sachant que selon Tel-Aviv, 130 otages sont encore retenus par le Hamas à Gaza, dont 31 seraient morts; après la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par l’État hébreu lors d’une précédente trêve d’une semaine fin novembre. La seule pour l’heure depuis le début du conflit
« J’ai espoir que d’ici lundi prochain (le mois de Ramadan devra commencer cette année le 10 ou le 11 mars prochain, NDLR), nous aurons un cessez-le-feu ». C’est aussi ce qu’a ajouté le locataire de la Maison Blanche. Avant de souligner toutefois que « ce n’est pas encore fait ».
Pourparlers intensifs
Rappelons à cet égard que des représentants égyptiens, qataris et américains, ainsi que d’Israël et du Hamas, ont repris leurs pourparlers, dimanche dernier à Doha. Ces discussions, selon la chaîne de télévision proche du renseignement égyptien, Al Qahera News « assurent le suivi de ce qui a été discuté à Paris », où s’était rendu vendredi dernier le chef du Mossad, les services de renseignement extérieurs israéliens, David Barnea. Sachant que l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, est actuellement en visite à Paris, mardi 27 ou mercredi 28 février, pour évoquer les négociations en cours avec le président français Emmanuel Macron.
À l’issue de cette réunion parisienne, un « terrain d’entente » sur les « contours » d’un possible accord portant sur la libération des otages et « un cessez-le-feu temporaire » a été trouvé lors d’une récente réunion à Paris, a affirmé dimanche le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan.
Le calcul perfide de Biden
Pourquoi cet empressement à annoncer une trêve temporaire à Gaza avant ramadan, le mois de jeûne sacré des musulmans; alors que selon son propre aveu « ce n’est pas encore fait » ?
Cette annonce, selon les observateurs, est destinée essentiellement à rassurer l’opinion publique américaine, notamment les musulmans américains, les jeunes et les minorités ethniques. Car, ils mettent la pression sur le président américain. Ce dernier, rappelons-le, a opposé son veto à l’ONU à plusieurs résolutions appelant au cessez-le-feu.
En effet, le 46ème président américain, candidat à sa réélection, a remporté hier mardi 27 février la primaire démocrate du Michigan, en vue de l’investiture de son parti cet été. Mais ce scrutin a été marqué par des milliers de votes blancs dans cet État à forte population musulmane et arabe. Un vote blanc destiné à forcer la main du président démocrate pour qu’il appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et cesse son soutien inconditionnel, voire aveugle à l’Etat hébreu.
En effet, plus de 50 000 votes blancs ont été déposés dans les urnes de l’État de Michigan, un signe de mauvais augure pour ses chances de réélection. Car il avait remporté d’un cheveu cet État face à Donald Trump il y a quatre ans. Or, chaque défection entame ses chances d’être réélu à la présidentielle de novembre.
« Le président Biden finance les bombes qui tombent sur des proches de familles vivant ici-même dans le Michigan, des gens qui ont voté pour lui et qui se sentent complètement trahis ». Ainsi déplorait l’une des militantes démocrates qui avaient lancé la campagne « Listen to Michigan« .
En attendant, le secrétaire général de l’ONU a alerté, lundi, que les programmes d’aide humanitaire à la bande de Gaza prendraient fin en cas d’offensive sur la ville surpeuplée de Rafah, d’où Israël veut faire sortir les civils « pour vaincre définitivement le Hamas ». L’offensive « ne serait pas seulement terrifiante pour plus d’un million de civils palestiniens qui s’y abritent; elle sonnerait également le glas de nos programmes d’aide ». C’est ce qu’a prévenu Antonio Guterres devant le Conseil des droits de l’Homme à Genève.