Le livre « Un esclave entre deux empires: une histoire transimpériale du Maghreb » (Editions du Seuil, 2023) de l’historien du Maghreb, le Franco-Tunisien M’hamed Oualdi, est l’un des sept ouvrages qui seront en compétition pour le Grand Prix du Livre des Journées de l’Histoire de l’IMA (JHIMA), qui se tiendront les 24 et 25 mars 2024 dans leur 10e édition placée sous le thème « Amours dans le monde arabe ».
« Doté par l’Académie du Royaume du Maroc et son secrétaire perpétuel Abdeljalil Lahjomri, ce prix, qui sera décerné par un jury présidé par Vincent Lemire, distingue une présentation récente et innovante sur l’histoire du monde arabe », lit-on dans l’avant-propos de Jack Lang, président de l’IMA.
Ce livre d’histoire raconte en 272 pages la trajectoire « hors du commun d’un ancien esclave, né dans le Caucase, affranchi et devenu général de l’Empire ottoman, qui a passé sa vie à circuler entre les empires bordant la Méditerranée. Husayn, vendu sur un marché d’Anatolie comme esclave, revendu à Istanbul, puis à Tunis, est éduqué et promu jusqu’à atteindre le rang de dignitaire de l’Empire ottoman avant que la colonisation de la Tunisie par la France en 1881 ne le contraigne à l’exil, en Italie ».
Mais l’histoire ne s’arrête pas là, « car sa mort en Toscane provoque une série de conflits autour de sa succession qui mettent aux prises le sultan ottoman, ses vizirs, des fonctionnaires français, des juristes européens et des membres de communautés musulmanes et juives sur les deux rives de la Méditerranée ».
A partir de la trajectoire de Husayn et des conflits autour de sa succession dès sa mort en 1887, ce livre montre, selon l’auteur, « comment, bien après la conquête de leur pays par la France en 1881, des membres des élites et, plus généralement, de la société tunisienne ont continué à se penser comme des sujets ottomans, comment des hommes et des femmes ont utilisé cette appartenance impériale et la domination ottomane comme une ressource politique, économique et culturelle pour contester ou, dans d’autres cas, négocier et collaborer avec le pouvoir colonial français jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, et comment des acteurs maghrébins comme Husayn ont participé de plain-pied aux importants débats transimpériaux de la seconde moitié du XIXe siècle comme ceux sur l’abolition de l’esclavage, sur la nationalité ou sur la propriété publique et privée ».
Professeur à Sciences-Po Paris, M’hamed Oualdi, spécialiste de l’histoire du Maghreb moderne et contemporain (XVIe-début du XXIe siècle), dirige un programme de recherche européen (ERC) sur les fins d’esclavages au Maghreb. Parmi ses ouvrages « Esclaves et maîtres » (Publications de la Sorbonne, 2011).
Pour cette 10e édition-anniversaire des Journées de l’Histoire, l’amour sous toutes ses formes sera exploré à travers une série de tables rondes, de lectures de textes, projections de cinéma, performances artistiques et conférence musicale avec la participation d’une pléiade d’intervenants de plusieurs pays dont la Tunisie. Docteure en histoire à l’université Paris-Cité et post-doctorante à l’université de Heidelberg (Allemagne), Sarra Zaïed interviendra à la table ronde « Expressivités maghrébines de l’amour ». Hayat Amamou, professeure d’histoire de l’islam médiéval à la faculté des sciences humaines et sociales, université de Tunis, prendra part à la table ronde « L’amour dans l’islam médiéval : un langage politique ? » et Monia Ben Jémia, professeure des universités à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, université de Carthage, interviendra dans le cadre de « Carte blanche à l’IISMM » (Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman), sur le thème « Mariage, divorce et sécularisation dans le monde arabe ».
Avec TAP