Une bonne partie de ce qui s’est dit a été raconté par des médias internationaux à l’endroit de la Tunisie depuis quelque temps. La presse tunisienne, la société civile et les réseaux sociaux ont même parlé des aspects narrés dans cette émission, comme les difficultés économiques du pays, le chômage, la classe moyenne qui se réduit ou encore les difficultés – sinon la faillite – de filières agricoles…
C’est avec une certaine appréhension qu’une partie de l’opinion a regardé, dimanche 3 mars 2024, l’émission « Enquête exclusive » consacrée à la Tunisie. Ce magazine d’actualité de la chaîne française M6 a choisi pour titre « Tunisie : entre misère et dictature, le grand retour en arrière ». On vous laisse du reste deviner le contenu.
Appréhension d’autant plus grande que la diffusion – programmée – de ce magazine a suscité une critique du chef du gouvernement, Ahmed Hachani, au cours de sa récente visite en France. « On m’a parlé d’une émission qui va passer dans deux jours qui ne vient pas par hasard, c’est du moins mon avis, pour essayer d’enrayer la machine qui s’est bien remise en marche entre la France et la Tunisie, afin qu’on s’imagine qu’il y aurait eu un acte inamical de la part de nos amis français », a déclaré Ahmed Hachani, le 29 février 2024 à Paris.
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« Complaisance »
Appréhension parce que Bernard de La Villardière, le producteur et présentateur de l’émission, n’en est pas à son premier méfait à l’égard de la Tunisie. On se souvient qu’il avait suscité des critiques pour avoir produit, en octobre 2014, un reportage qui faisait l’« apologie » de l’ancien président de la République, Moncef Marzouki (2011-2014).
Notre confrère Le Point avait alors parlé de soupçon de « complaisance » à l’égard de l’ancien président. « Les internautes reprochent au reportage de M6 d’avoir servi de vitrine au président tunisien à quelques jours des législatives, qui auront lieu le 26 octobre, et à l’approche de la présidentielle, prévues le 23 novembre », notait alors le HuffPost Maghreb, cité par Le Point.
Analyser en profondeur
Sans occulter évidemment le fait que les médias occidentaux (européens et nord-américains) ont perdu dans l’opinion de leur aura avec cette guerre de Gaza qui a montré leurs limites. Des limites faites de deux poids deux mesures comparées à la guerre d’Ukraine. Sans oublier un parti-pris en faveur de la puissance occupante et criminelle à Gaza.
Vrai ou faux, que faut-il penser du reportage du 3 mars 2024? Et bien au-delà de la fameuse formule qui dit que la « presse ne parle que des trains qui n’arrivent pas à l’heure », des faits semblent intéressants à relever. Du moins à chaud et en attendant que l’on puisse analyser avec plus de profondeur le contenu de l’émission de Bernard de La Villardière.
Les diplômés qui partent à l’étranger
Disons qu’une bonne partie de ce qui s’est dit a été raconté par des médias internationaux à l’endroit de la Tunisie depuis quelque temps. La presse tunisienne, la société civile et les réseaux sociaux ont même parlé des aspects narrés tels que les difficultés économiques du pays, le chômage, la classe moyenne qui se réduit ou encore les difficultés – sinon la faillite–, de filières agricoles…
Idem pour une régression des libertés, une partie de la classe politique de l’opposition et de la société civile dit haut et fort que tout ne va pas pour le mieux. En témoignent les critiques continues contre le décret-loi 54. Ou encore des diplômés qui partent à l’étranger. Y a-t-il eu en fait des révélations?
Pour être complet et sans doute objectif, n’y avait-il pas lieu toutefois de dire quelque part – et en reconnaissant que tout est loin d’être parfait – qu’une partie de l’opinion adhère au bâtit du 25 juillet 2021? Du moins de la volonté du chef de l’Etat de construire une autre Tunisie que celle des années 2010. Cet aspect est à peine effleuré! Il a semblé qu’il y ait du reste un déséquilibre parlant.