« L’économie tunisienne fait face à des défis majeurs mais recèle des opportunités qu’il faudrait saisir. Les banques sont appelées à redoubler d’efforts afin d’apporter leur contribution à la relance économique ». M. Fethi Zouhair Nouri, nouveau patron de la BCT, donne le ton. Il est ferme. Sûr au moins sur deux niveaux : celui de la relance de l’économie nationale, et sur la contribution du secteur bancaire dont il a la tutelle, pour financer la relance. On est loin de l’austérité prônée par les adeptes de l’école de Vienne et de ses effets pervers sur les ménages et sur les entreprises. Et quand le patron de la Vieille Dame (BCT) parle « des banques », il a certainement dans l’idée, aussi, la première d’entre elles, la BCT, dont il préside la destinée. Nous inaugurons une série de ZOOM pour mettre en exergue la problématique annoncée par le titre de ce premier volet.
Les banques centrales jouent un rôle clé dans la stabilisation de notre économie, car elles ont la capacité de créer de la monnaie en quantités illimitées sans craindre la faillite. Bien que leur objectif premier ne soit pas de réguler la consommation des citoyens, mais plutôt de soutenir leur État en fournissant de la liquidité, en émettant des billets de banque et, plus tard, en atténuant les crises bancaires et financières.
Cependant, les banques centrales sont aujourd’hui confrontées à la réalité que leurs politiques monétaires et de change n’ont pas eu les effets bénéfiques escomptés sur l’économie réelle. Elles doivent donc surmonter les résistances politiques, idéologiques et parfois légales pour prendre des mesures audacieuses. Nos dirigeants, qui semblent incapables de saisir l’urgence du rétablissement de la croissance, ne prendront pas l’initiative d’un transfert de liquidités vers les citoyens, à moins d’être contraints par un chambardement imminent si leur attitude attentiste et élitiste persiste.
La classe politique traditionnelle peine à accepter le principe même du crédit social. Les conservateurs sont fermement attachés à une idéologie qui rejette l’idée que des individus puissent recevoir de l’argent sans fournir de travail en échange. Ils s’opposent également à toute augmentation du rôle de l’État qui résulterait de cette mesure. En revanche, les partisans de gauche préfèrent souvent des mesures fiscales complexes et incompréhensibles pour le citoyen moyen, qui n’ont donc aucun effet positif sur l’économie.
Pourtant, il serait judicieux de considérer le crédit social comme un héritage, un transfert de richesse qui n’est pas nécessairement mérité par le bénéficiaire. En termes absolus, l’héritage et le crédit social ont les mêmes effets positifs pour leur destinataire, à la différence que l’un est attribué par les pouvoirs publics et l’autre provient du décès d’un proche. Étant donné que les récessions n’ont pas de vertu thérapeutique, que le chômage ne contribue pas à l’éducation des jeunes et que notre société ne devrait pas exiger des plus démunis qu’ils expient leurs péchés, le crédit social apparaît comme la seule solution de redressement économique bénéficiant à la majorité.
Ce système pourrait être rapidement mis en place par les banques centrales, évitant ainsi les retards et les complications des consultations parlementaires. Contrairement aux réductions de taux d’intérêt et aux assouplissements quantitatifs, il aurait un impact immédiat sur la croissance économique, sans risque de créer une bulle spéculative liée à la création monétaire. De plus, il contribuerait à réduire les inégalités sans pénaliser les riches. Il est impératif que nos banques centrales abandonnent les instruments du passé et s’adaptent aux défis du millénaire.
… à suivre…
* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain d’Economie Financière (IAEF-ONG)
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