La violence à l’égard des femmes reste un problème persistant et croissant. De nombreuses femmes sont confrontées à des violences sexuelles dans l’espace public, tandis que d’autres sont témoins de telles agressions. C’est ce qui ressort de l’atelier de présentation des résultats préliminaires de l’enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes en Tunisie, organisé par l’Institut national de la statistique de Tunisie, en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la Population.
Pour mieux éclairer les politiques publiques, une enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes a été menée fin 2022, couvrant un échantillon représentatif de 11 610 ménages dans différentes régions. Cette enquête vise à produire des indicateurs quantitatifs sur la prévalence et les caractéristiques de la violence subie par les femmes, ainsi que sur les auteurs de ces agressions.
Les résultats révèlent une prévalence alarmante de la violence contre les femmes en Tunisie, avec 84,7% des femmes interrogées déclarant avoir été victimes d’au moins un acte de violence depuis l’âge de 15 ans. La violence morale, incluant la violence psychologique et verbale, est la forme la plus courante, suivie de la violence sexuelle, économique et physique. Les jeunes femmes, les plus instruites et celles actives sur le plan économique et social, sont particulièrement exposées.
Les technologies modernes ont également introduit de nouveaux risques, notamment le harcèlement en ligne, touchant particulièrement les adolescentes. Près d’un tiers des femmes ont signalé avoir subi au moins un épisode de harcèlement sexuel au cours des 12 mois précédant l’enquête, avec une prévalence plus élevée chez les jeunes femmes actives sur les réseaux sociaux.
Il est clair que la violence envers les femmes va bien au-delà de simples problèmes sociaux. C’est une violation grave des droits humains qui perturbe profondément l’harmonie sociale et entrave le développement global. Malgré les progrès juridiques, les chiffres montrent que ce problème persiste. Et ce en raison des structures sociales et des valeurs traditionnelles qui maintiennent les inégalités entre hommes et femmes.
Par ailleurs, en dépit des efforts de la Tunisie pour promouvoir les droits des femmes depuis son indépendance, la violence basée sur le genre demeure une réalité préoccupante. Plusieurs mesures législatives ont été adoptées pour renforcer l’égalité entre les sexes et éliminer la discrimination, notamment la loi organique N°2017-58 du 11 août 2017 relative à l’élimination de la violence à l’égard des femmes.