L’Ukraine est prête à accepter des restrictions commerciales avec l’Union européenne (UE) pour mettre fin à ses différends avec la Pologne, mais elle exhorte les 27 à interdire les importations de produits alimentaires russes, apporte Financial Times.
Le ministre ukrainien du Commerce, Taras Kachka, a déclaré au média que Kiev était prête à voir des restrictions imposées sur ses approvisionnements agricoles, mais que l’UE devrait également interdire les importations de ces produits, en particulier les céréales, en provenance de Russie et de Biélorussie.
« Peut-être que, pendant une période de transition, ce type d’approche gérée des flux commerciaux entre l’Ukraine et l’UE est quelque chose dont nous avons tous besoin, a déclaré Kachka au FT. Pour le blé, ce n’est pas l’Ukraine qui pose problème aux agriculteurs polonais, c’est la Russie ».
En 2022, l’UE a levé les droits de douane et les quotas sur les produits agricoles ukrainiens afin de permettre aux céréales ukrainiennes d’être expédiées vers les marchés mondiaux. Cependant, une grande partie de l’offre a plutôt inondé les pays d’Europe de l’Est, déstabilisant les marchés du bloc et mettant en danger les moyens de subsistance des agriculteurs locaux.
Varsovie a unilatéralement bloqué en 2023 l’accès de ses marchés aux produits alimentaires ukrainiens dans le but de résoudre les problèmes créés par la décision de l’UE d’ouvrir ses frontières aux importations de produits ukrainiens.
En février 2024, les agriculteurs ont lancé une série de manifestations dans tout le pays, qui ont notamment entraîné un blocus presque total de tous les postes frontaliers avec l’Ukraine et provoqué des perturbations dans les ports et sur les routes du pays. Des agriculteurs protestataires auraient également attaqué un train transportant des céréales ukrainiennes et en auraient renversé quelque 180 tonnes sur le sol.
Pour réduire les tensions avec ses bailleurs de fonds occidentaux, Kiev a accepté les mesures proposées par le bloc visant à imposer des plafonds sur les importations d’œufs, de volaille et de sucre à partir de juin, selon Kachka. L’Ukraine acceptera également de permettre à certains pays de fermer leurs marchés à ses céréales, sauf pour le transit vers d’autres pays.
Une interdiction à l’échelle européenne des produits agricoles russes serait toutefois difficile à obtenir, selon le FT, car plusieurs États membres s’y opposent, arguant qu’elle perturberait les marchés mondiaux et aggraverait les crises dans les pays en développement.