De nos jours, les femmes s’affirment de plus en plus comme leaders grâce à leur sens de l’écoute et leur persévérance. Elles sont ces figures inspirantes, créatives et déterminées à changer les choses. Elles s’engagent pleinement dans la lutte pour les droits des femmes dans divers domaines. Cependant, cela soulève la question de l’identité de la femme tunisienne. En tant que journalistes hommes ou femmes, quel est notre rôle dans ce débat? La conférence «Femmes & journalisme : état des lieux et perspectives», organisée par la délégation générale Wallonie-Bruxelles, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, dans l’après-midi du vendredi 8 mars 2024, a soulevé ces interrogations.
Présente lors du débat, Amel Chahed, journaliste à la TV nationale, met en avant le rôle du journaliste, qu’il soit homme ou femme, sa conscience, son devoir, dans les contextes nationaux et internationaux. Elle prône l’humanisme plutôt que le féminisme, soulignant l’hypocrisie du monde contemporain face à des crises telles que celle en Palestine. Elle insiste sur l’importance de la vérité et de la transparence dans la profession.
Elle souligne l’importance de l’humanisme, loin du féminisme. Tout en déclarant: “Je suis pour l’être humain, qu’il soit homme ou femme, pour sa dignité, son intégrité, pour atteindre un certain idéal. Tout en rappelant que le monde dans lequel nous vivons est hypocrite et menteur, que célèbre-t-on au moment où la Palestine souffre?
Les femmes et les hommes palestiniens vivent un calvaire, et il est insoutenable et inacceptable que plus de 30 000 Palestiniens soient morts depuis le 7 octobre jusqu’à ce jour, et qu’on compte 17 mille enfants, filles et garçons, palestiniens orphelins. La question est de savoir si c’est adéquat de parler de l’être humain, de cet humanisme qui a disparu.
L’essence du métier de journaliste homme ou femme est d’être un professionnel appelé à éclairer les autres, à relayer l’information telle qu’elle est sans maquillage.
De son côté, Olfa Belhassine, journaliste à La Presse et rédactrice en chef de « Medfeminiswiya », évoque la nécessité d’une réforme des médias en Tunisie, indépendamment du genre. Elle soulève les défis liés au décret 54 et à la situation précaire des médias dans le pays depuis la révolution de 2011.
Autrement dit, on se pose autant de questions: où en sommes-nous dans tout cela? Y a-t-il eu des réformes? La réponse est bel et bien non, car rien n’a changé, il n’y a pas eu de réunions du quotidien, et cette situation arrangeait les gouvernements successifs…
Hanène Zbiss, journaliste et présidente de l’Union de la presse francophone, constate que bien que les femmes journalistes représentent plus de 70% des effectifs dans les rédactions, elles peinent à accéder aux postes de décision.
Elle met en lumière les obstacles persistants, notamment la crise économique et la cyber-violence à laquelle les femmes sont particulièrement exposées. Elle précise dans ce contexte: « Ce qui est dangereux, c’est que beaucoup de femmes se sont retirées de la sphère publique à cause de cela. Pour résumer, disons que la violence va au-delà de la vie réelle pour toucher le monde virtuel, et cet excès de violence fait peur ».
Pour sa part, Najoua Hammami, journaliste et directrice de la Radio Essayda FM, plaide pour la solidarité entre femmes pour surmonter les défis, soulignant que le chemin vers l’égalité exige une lutte constante au-delà des journées symboliques. En outre, elle souligne que pour lutter contre la violence faite aux femmes, que ce soit dans la vie réelle ou dans la vie virtuelle, il faut qu’il y ait cette solidarité entre nous. Tout en déclarant: « Nous avons besoin d’une solidarité féminine pour briser ce plafond de verre. La journaliste femme se trouve dans le point de mire, on dit souvent que l’ennemi de la femme est la femme, mais cela commence à changer. Cela dit, il ne faut pas se limiter aux deux journées, celles du 8 mars et du 13 août, mais je reste optimiste quant au changement, les choses commencent à bouger ».
Enfin, Rajae Essefiani, déléguée générale Wallonie-Bruxelles, souligne l’importance de la représentation des femmes dans les instances de décision et appelle à une solidarité entre hommes et femmes pour atteindre l’égalité. Tout en concluant: « La solidarité entre hommes et femmes ainsi que celle entre femmes, c’est ce qui nous permet d’avancer, car ce qui compte, que nous soyons défenseurs, défenseures, défenseuses, que nous soyons hommes ou femmes, pour se serrer les coudes et arriver à atteindre l’objectif de l’égalité ».
La conférence a ainsi mis en lumière les défis auxquels les femmes journalistes font face en Tunisie et ailleurs, tout en soulignant l’importance de la collaboration et de l’action collective pour instaurer un changement durable.
En définitive, comme disait Victor Hugo, “la première égalité, c’est l’équité”.