Adnane Ben Halima, Vice-Président chargé des relations de Huawei Afrique du Nord (Afrique du Nord, Afrique du Nord et centrale), est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en informatique. Il a débuté sa carrière chez ST-Microelectronics en tant qu’ingénieur en recherche et développement. En 2005, il rejoint Huawei Technologies, occupant divers postes de responsabilité dans plusieurs pays. Il a notamment été directeur régional du département wireless au Maroc et directeur général adjoint responsable des ventes et de la stratégie pour la Tunisie et la Libye en Tunisie. Rencontré le vendredi 8 mars à Gammarth lors de la cérémonie de récompenses de la compétition régionale « Huawei ICT 2023-2024 »en Tunisie Adnane Ben Halima nous livre un aperçu de la transformation numérique actuelle. Interview:
En quoi consiste l’engagement de l’entreprise envers le développement des talents numériques à travers le monde?
L’entreprise est fortement engagée dans le développement des compétences numériques à l’échelle mondiale. Nous croyons fermement que pour favoriser l’avancement du monde numérique, il est essentiel de disposer de professionnels compétents capables de stimuler la création d’écosystèmes locaux. Bien que la technologie en elle-même puisse sembler accessible, la complexité réside dans la création de scénarios d’utilisation pertinents. C’est pourquoi nous privilégions l’implication de professionnels qualifiés et locaux, qui comprennent la réalité du terrain.
Pour atteindre cet objectif, nous avons lancé divers programmes éducatifs dans le monde entier, notamment dans notre région d’Afrique du Nord, qui englobe 28 pays. Parmi ces initiatives, citons l’Académie des TIC, un programme qui vise à familiariser les étudiants avec les dernières technologies et à leur permettre d’interagir avec des pairs d’autres pays. Nous proposons également « Seed of the Future » (Les graines du futur), un programme visant à offrir aux étudiants une certification technologique qui facilite leur intégration sur le marché du travail.
Vous vous êtes distingués en tant que leader technologique ainsi qu’en tant qu’acteur engagé en faveur de l’innovation durable et de l’inclusion numérique. Pouvez-vous nous parler en détail de cet engagement?
Vous avez mentionné deux concepts clés qui sont au cœur de notre vision stratégique : le numérique et le développement durable. Ces deux domaines sont essentiels à nos yeux car le numérique est omniprésent dans tous les aspects de notre vie économique et sociale. Nous aspirons à éviter un scénario où certains pays ou régions seraient en retard sur le plan numérique, privés d’accès à la connectivité ou de compétences numériques.
Nous nous efforçons donc de garantir une équité numérique, en travaillant chaque jour pour assurer l’accès à la connectivité, même dans les régions les plus reculées. De plus, nous mettons un point d’honneur à former les individus dans ces endroits éloignés, leur offrant ainsi l’opportunité de se familiariser avec les outils numériques et de partager leurs connaissances avec leurs concitoyens.
En ce qui concerne le développement durable, nous sommes pleinement conscients de l’impact énergétique sur la planète. C’est pourquoi tous nos produits sont étiquetés « green », dans le but de réduire notre consommation énergétique. Nous intégrons de plus en plus d’algorithmes et d’intelligence artificielle dans notre travail, ainsi que des technologies complémentaires telles que la climatisation naturelle; réduisant par conséquent notre empreinte énergétique.
Nous avons aussi développé un département dédié à la production d’énergie verte. En utilisant notamment des solutions photovoltaïques et en améliorant le stockage et la distribution de l’énergie. Nous exploitons également le pouvoir du numérique pour minimiser les pertes énergétiques lors de la distribution, contribuant ainsi à une utilisation plus efficace des ressources.
Comment la transformation numérique est-elle perçue dans le Maghreb, notamment en Tunisie?
La prise de conscience de l’importance du développement numérique est généralisée. De nombreuses initiatives ont été lancées dans le secteur privé, qui progresse rapidement. Pour ce qui est du secteur public, la prise de conscience est également présente, mais l’adaptation des réglementations prend plus de temps, comme c’est le cas dans de nombreux pays.
En Tunisie, nous disposons de deux atouts majeurs pour la transformation numérique : un capital humain qualifié et une infrastructure adéquate. Ces deux éléments constituent une base solide sur laquelle construire. À présent, il est primordial de développer l’utilisation des technologies numériques dans tous les secteurs.
Quelles sont les principales initiatives que Huawei met en œuvre pour tirer parti des avancées de l’intelligence artificielle?
L’intelligence artificielle (IA) repose essentiellement sur l’analyse de vastes quantités de données pour apprendre et fonctionner efficacement. Cela implique la nécessité de plateformes de stockage de données robustes, étroitement liées au cloud computing et aux centres de données. Ainsi, pour favoriser le développement de l’IA, il est crucial de disposer de plateformes performantes capables de stocker et d’analyser ces données.
Dans cette optique, nous sommes activement engagés à fournir des solutions de cloud computing privées et publiques. Nous proposons des clouds privés à nos clients qui en ont besoin, tout en offrant des clouds publics accessibles à tous les utilisateurs à travers le monde. De plus, nous investissons massivement dans le déploiement d’un cloud public en Égypte afin de mieux desservir la région de l’Afrique du Nord. Actuellement, cette région est desservie par un cloud basé en Irlande. Mais avec ce nouvel investissement, nous visons à améliorer considérablement l’accessibilité. Ce projet, en cours de réalisation, devrait être achevé d’ici la fin de l’année 2024, représentant ainsi une première étape vers notre implantation sur le continent africain.
Quant aux principales initiatives de Huawei pour exploiter les avancées de l’intelligence artificielle et des techniques de refroidissement innovantes afin d’améliorer l’efficacité énergétique et de contribuer à la durabilité environnementale, elles incluent notamment l’utilisation de l’IA pour optimiser les performances des équipements et réduire leur consommation d’énergie. De plus, nous avons développé des solutions de refroidissement plus efficaces qui minimisent notre empreinte environnementale.
Parlez-nous de la 5G : quels sont les dispositifs associés?
En ce qui concerne la 5G, il est indéniable qu’elle suscite beaucoup d’attention en raison de son potentiel à apporter une valeur ajoutée considérable. Cette technologie promet de multiplier la connectivité par dix et de permettre des connexions en temps réel avec une latence pratiquement nulle. Nous avons préparé le terrain en adaptant nos équipements 4G pour être compatibles avec la 5G, grâce à des ajustements logiciels. Maintenant, nous attendons les licences gouvernementales qui permettront aux opérateurs de déployer la 5G. De nombreux pays travaillent actuellement sur cette question et nous nous attendons à ce que des appels d’offres pour les licences soient lancés cette année, notamment en Tunisie. Nous prévoyons que les premiers réseaux 5G seront déployés d’ici la fin de l’année ou l’année prochaine dans la plupart des pays de la région.
Et au niveau des coûts?
En ce qui concerne les coûts, il est encore trop tôt pour en parler. La facturation de l’internet subira un changement majeur, passant de la tarification basée sur les gigabits à une tarification basée sur la consommation réelle. Cela signifie que les utilisateurs seront facturés en fonction de leurs besoins spécifiques, plutôt que d’une tarification uniforme. Cette approche vise à mieux aligner la monétisation avec l’expérience client, une évolution importante par rapport au modèle traditionnel de facturation.
Quelle est la vision future de Huawei d’ici 5 à 10 ans?
Je suis convaincu que la digitalisation doit être intégrée à tous les secteurs. Les économies numériques affichent une croissance variant entre 6 et 7 %, nettement plus rapide que les économies traditionnelles. Si nous aspirons à une croissance économique soutenue, la digitalisation de secteurs tels que le transport et l’énergie est incontournable, car elle offre des opportunités de croissance significatives.
Lors du débat, le mot qui revient sans cesse est le transport intelligent, en quoi consiste-t-il?
Le concept de transport intelligent est vaste et peut être divisé en deux axes : le B to B (business-to-business) et le B to C (business-to-consumer). Concentrons-nous d’abord sur le B to B, qui a un impact économique direct. En optimisant les flux de marchandises et en accélérant leur transformation, nous pouvons dynamiser l’économie. Nous pouvons commencer par cette approche et simultanément travailler sur le B to C à plus long terme.
Le transport intelligent implique également l’aménagement des infrastructures pour faciliter la circulation et l’utilisation de capteurs routiers pour réguler le trafic. Ces mesures contribueront à une gestion plus efficace des flux de marchandises et à une meilleure fluidité du trafic. Ce qui aura un impact positif sur l’économie dans son ensemble.