Le président de la Chambre des représentants libyenne dans l’est de la Libye, Aguila Saleh, a décidé, jeudi 14 mars 2024, de réduire la valeur du dinar, en imposant une taxe de 27 % sur les achats de devises, dans une mesure qui, selon lui, ne se poursuivrait que jusqu’à la fin de l’année en cours.
La nouvelle taxe affaiblit effectivement le taux de change de 4,80 dinars libyens pour un dollar à entre 5,95 et 6,15 dinars pour un dollar.
Le porte-parole du Conseil, Abdallah Belhak, a confirmé à Reuters que la décision avait été rendue. Le texte de la décision indique que la nouvelle taxe pourrait diminuer en fonction des recettes de l’État.
La Libye est divisée depuis 2014 entre deux gouvernements en guerre, l’un à l’est et l’autre à l’ouest, des factions rivales contrôlant les principales institutions économiques.
Mais selon un accord politique conclu en 2015, la Chambre des représentants de l’est de la Libye et le Conseil suprême de l’État, basé à Tripoli, dans l’ouest du pays, sont censés s’entendre sur les principales questions qui touchent le pays.
Le gouverneur de la Banque centrale de Libye, Al-Seddik Al-Kabir, a proposé d’ajuster le taux de change du dinar libyen par rapport aux devises étrangères et d’imposer une taxe de 27 % sur les changes.
M. Al-Kabir a justifié sa proposition par la difficulté qu’éprouve la Banque à répondre aux besoins en devises du marché depuis septembre 2023, contrairement au volume croissant des dépenses publiques et à l’atteinte d’une limite de 165 milliards de dinars pour l’année dernière, avec le manque de clarté dans les dépenses pour l’année en cours.
Le gouverneur de la Banque centrale de Libye a dernièrement écrit au président de la Chambre des représentants pour exiger une réduction de la valeur du dinar. En soulignant que cette décision générerait des revenus s’élevant à environ 12 milliards de dollars. Ce qui pourrait contribuer à amortir certains effets de la dette publique et financer des projets de développement.
La Chambre des représentants de Benghazi a chargé le gouverneur de la Banque centrale de Libye à Tripoli « de mettre en œuvre cette décision, en ajustant le prix de vente des devises étrangères, conformément à cette taxe imposée, et en déterminant la valeur ajoutée sur la vente des devises en échange de la monnaie libyenne. Et ce, à condition que des devises étrangères soient disponibles dans toutes les banques opérationnelles en Libye », selon le texte de la résolution.
La décision précise également : « Les revenus générés par la taxe seront utilisés pour couvrir les dépenses des projets de développement, si nécessaire, ou seront ajoutés aux ressources allouées à la Banque centrale de Libye pour rembourser la dette publique ».
Les désaccords sur l’accès aux ressources financières de l’État libyen ont souvent été au cœur des conflits entre factions qui ont déchiré le pays depuis le soulèvement soutenu par l’OTAN en 2011.