La carte biométrique suscite appréhensions et interrogations légitimes, notamment sur les modalités de transition depuis l’ancienne carte d’identité. Il est crucial de garantir un processus fluide pour les citoyens afin d’éviter les tracas administratifs.
Par ailleurs, l’inclusion numérique du conjoint sur la carte est saluée, mais elle soulève des préoccupations quant à son impact potentiel sur les droits des femmes, notamment en lien avec d’autres lois restrictives qui remontent à l’ère beylicale. C’est ce qu’a fait savoir Sana Ghenima, présidente de l’Association Femmes et leadership, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Même constat pour Ayda Ben Chaabane, membre de la société civile, qui appelle elle aussi à l’harmonisation des lois. A savoir une loi avant-gardiste qui doit primer sur une loi archaïque. D’ailleurs, garder une loi caduque constituera un handicap pour le juge, car quelle loi va-t-il appliquer ?
De ce fait, elles estiment qu’il est essentiel de moderniser ces lois pour garantir l’égalité et l’équité ainsi que le respect des droits individuels.
En outre, la question de la conservation des données personnelles par le ministère de l’Intérieur soulève des inquiétudes légitimes en matière de vie privée et de protection des données personnelles, comme l’a soulevé à maintes reprises l’ancien président de l’Instance nationale de la protection des données personnelles, Chawki Gaddes.
Selon Sana Ghenima, il est nécessaire d’instaurer des mécanismes de contrôle adéquats pour garantir la sécurité et la confidentialité des données des citoyens.
De son côté, Ayda Ben Chaabane souligne l’importance d’apporter toutes les garanties avant l’entrée en vigueur de la carte d’identification biométrique en Tunisie. Elle indique que le risque d’assister à des dérives dangereuses est grand vis-à-vis du citoyen. Elle pointe du doigt les députés ayant voté pour cette loi sans aucun recours d’immunisation pour les citoyens.
Elle a ajouté que la base de données biométriques comprend un ensemble de données sensibles. Et que plusieurs infractions peuvent être enregistrées dans le monde pour une telle base de données.
Autrement dit, la transition vers la carte biométrique doit être accompagnée d’une communication claire et transparente, afin de clarifier les procédures et d’assurer une transition en douceur vers ce nouveau système.
En définitive, on se pose la question sur les mesures qui garantiront la sécurité de ces données. Ne risquent-elles pas d’être piratées ? Ou, pis encore, la structure internationale en charge de ce nouveau système va-t-elle respecter les données personnelles ? Et qui nous dit qu’elles ne seront pas transmises à d’autres organisations internationales ? Une chose est sûre: à l’heure où nous rédigeons cet article, aucune réponse à ces questions n’a été donnée.