Le Forum arabe pour le développement durable (AFSD) réunit les gouvernements arabes et un large éventail d’acteurs pour aborder les priorités en matière de développement durable d’un point de vue régional. Et ce, en mettant en lumière les progrès réalisés, tirer profit des expériences nationales et par-dessus tout renforcer la voix de la région lors du Forum politique de haut niveau sur le développement durable (HLPF).
Il convient de noter que l’événement est organisé chaque année par la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), en collaboration avec la Ligue des États arabes et d’autres entités des Nations unies opérant dans les pays arabes.
En accord avec le thème mondial, l’AFSD 2024 examine des solutions durables, à la fois résilientes et innovantes. Et ce, dans le but de renforcer le Programme de développement durable à l’horizon 2030, permettant ainsi d’éradiquer la pauvreté en période de crises multiples.
Les discussions ont porté sur cinq des 17 objectifs de développement durable (ODD) examinés lors du HLPF de 2024 qui aura lieu à New York (8-17 juillet 2024). A savoir l’ODD sur la lutte contre la pauvreté, sur la faim zéro, sur l’action climatique, sur la paix, la justice et des institutions solides et sur les partenariats pour les objectifs.
Par ailleurs, cela constitue entre autres une plateforme régionale pour discuter des priorités régionales et des contributions au Sommet du futur (New York, 22-23 septembre 2024), notamment l’innovation numérique, la gouvernance et la coopération, ainsi que les jeunes et les générations futures. L’AFSD 2024 sera présidé par le sultanat d’Oman.
L’économiste et l’universitaire Fadhel Kaboub, s’exprimant lors du Forum arabe sur le développement durable 2024, organisé par le siège de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale des Nations unies à Beyrouth, au Liban, souligne : « Dans le cadre actuel, il y a un point aveugle que très peu de personnes abordent : l’OMC, les règles du commerce international et de l’architecture des investissements. Je vais juste mentionner l’une de ces règles « weaponized » où les entreprises peuvent utiliser le droit international sous l’OMC pour menacer les pays du Sud de poursuites et les enfermer dans des politiques néfastes pour garantir leurs profits. C’est un phénomène mondial, non limité à notre région ».
Et de poursuivre: « Il y a la crise de la dette externe contre laquelle luttent beaucoup de pays de la région MENA, y compris la Tunisie, avec un symptôme de problèmes structurels plus profonds. Cela inclut trois grands déficits : alimentaire, énergétique et manufacturier. Ces déficits créent un cycle vicieux où les pays du Sud importent des biens à valeur ajoutée élevée et voient leurs monnaies s’affaiblir, entraînant une importation inflationniste ».
Selon lui, pour sortir de cette impasse, il est nécessaire de canaliser tous les efforts et les ressources vers des investissements dans la souveraineté alimentaire, l’agroécologie et la souveraineté énergétique renouvelable. Tout en ajoutant: « Cela doit être accompagné d’une coopération Sud-Sud sélective avec les partenaires de la rive nord, en veillant à ce que les investissements contribuent à la transformation plutôt qu’à l’enfermement dans des schémas économiques préjudiciables.
Enfin, il conclut sur l’importance de décoloniser l’architecture économique mondiale qui, selon lui, est crucial. Et ce, pour atteindre les objectifs de développement durable. De ce fait, cela nécessite des réformes profondes de l’architecture financière. Il en va de même des règles du commerce international et de l’investissement, ainsi que de la fiscalité internationale. Tout en affirmant qu’il s’agit d’un processus complexe, mais essentiel pour assurer un avenir plus juste et équitable pour tous les peuples du monde.