A l’heure où la réflexion s’oriente sur « la problématique de la Tunisie en crise transitionnelle et comment s’en sortir », nous nous proposons de publier quelques principes pour baliser la piste de la restauration de la cohésion sociale recherchée.
L’économie sociale de marché en Tunisie présente des défis importants en matière de problématiques sociales. Malgré des progrès économiques, le pays est confronté à des inégalités persistantes, au chômage élevé, à la pauvreté et à d’autres problèmes sociaux qui entravent le développement durable et inclusif. Cet article explore la problématique sociale dans l’économie sociale de marché en Tunisie et examine les défis et les perspectives pour surmonter ces obstacles.
Des défis en cascade :
Un taux élevé de chômage
Un des principaux défis sociaux en Tunisie est le taux élevé de chômage, en particulier parmi les jeunes. Le chômage des jeunes atteint des niveaux alarmants, avec près de 30 % des jeunes actifs sans emploi. Cette situation crée un sentiment de frustration et d’exclusion parmi les jeunes et compromet la stabilité sociale et politique du pays.
Hausse du taux de chômage pour s’établir à 16,4 %
Au quatrième trimestre de l’année 2023, le nombre de chômeurs est estimé à 667,5 mille; contre 638,1 mille au troisième trimestre de la même année. Avec cette hausse du nombre des chômeurs, le taux de chômage augmente pour s’établir à 16,4 % (contre 15,8 % au troisième trimestre de l’année et 15,2 au quatrième trimestre de 2022). Le taux de chômage des hommes a augmenté, passant de 13,4 % au troisième trimestre à 13,8 %. Tandis que pour les femmes, le taux de chômage a atteint 22,2 % au cours du quatrième trimestre de l’année 2023, comparé à 21,7 % au troisième trimestre de la même année.
Pour relever ce défi, il est essentiel de développer des politiques et des programmes qui favorisent la création d’emplois, en particulier dans les secteurs à forte intensité de main-d’œuvre tels que l’agriculture, le tourisme et les petites entreprises.
Taux de chômage des jeunes 15-24 ans
Le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans a augmenté au cours du quatrième trimestre de l’année 2023, atteignant 40,9 % (contre 39,1 % au troisième trimestre de l’année et 38,8 % au quatrième trimestre de 2022). Ce taux se décompose en 42,1 % pour les hommes et 38,2 % pour les femmes au cours du quatrième trimestre de l’année 2023.
Des inégalités sociales et régionales
Un autre défi majeur est la persistance des inégalités sociales et régionales en Tunisie. Malgré les progrès économiques, de nombreuses régions du pays, en particulier les zones rurales et intérieures, restent confrontées à la pauvreté et au sous-développement.
Les investigations (ITCEQ Rapport indice Développement Régional 2021) montrent que les régions intérieures (Kasserine, Kairouan, Jendouba, Sidi Bouzid) occupent les derniers rangs dans la grille du développement régional, elles constituent les zones les plus défavorisées par rapport au reste du pays.
Malgré la stabilité relative dans le classement des gouvernorats qui occupent les premiers rangs, ainsi que ceux en bas de la liste, tous les gouvernorats ont enregistré une diminution au niveau de leur scores entre 2018 et 2021. Cette tendance baissière globale fait que certains gouvernorats peuvent connaitre une monté en classe sans enregistrer une amélioration dans leur score à l’instar du gouvernorat de Béja.
Les inégalités sociales et régionales sont exacerbées par des politiques économiques qui favorisent souvent les régions côtières au détriment des régions intérieures. Pour remédier à cette situation, il est crucial de mettre en œuvre des politiques de développement équilibré qui réduisent les disparités régionales et renforcent l’inclusion sociale.
Une protection sociale en Tunisie insuffisante
Par ailleurs, la protection sociale en Tunisie reste insuffisante pour garantir un filet de sécurité adéquat aux populations les plus vulnérables. Malgré la mise en place de programmes sociaux tels que les subventions alimentaires et les aides aux familles nécessiteuses, de nombreux Tunisiens restent exposés à la pauvreté et à l’exclusion sociale.
Il est donc nécessaire de renforcer les filets de sécurité sociale en élargissant la couverture des programmes sociaux et en améliorant l’accès aux services de base tels que la santé et l’éducation.
D’une gouvernance éclectique à une corruption invasive
Enfin, la problématique de la gouvernance et de la corruption reste un obstacle majeur au développement social et économique en Tunisie. La corruption et le népotisme sapent la confiance des citoyens dans les institutions publiques et entravent l’efficacité des politiques publiques.
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Résultats de la 22ème enquête sur le climat des affaires juin 2023.
Pour lutter contre la corruption et promouvoir une gouvernance transparente et responsable, il est essentiel de renforcer les institutions de contrôle et de promouvoir la participation citoyenne dans le processus de prise de décision.
En conclusion, la Tunisie fait face à des défis sociaux importants dans le cadre de son économie sociale de marché. Pour surmonter ces obstacles, il est essentiel de développer des politiques à moyen terme avec des programmes opérationnels planifiés qui favorisent la création d’emplois, réduisent les inégalités sociales et régionales, renforcent la protection sociale et promeuvent une gouvernance transparente et responsable.
En investissant dans le capital humain et en favorisant l’inclusion sociale, la Tunisie peut réaliser son potentiel économique et social afin d’assurer un avenir meilleur pour tous ses citoyens.
A suivre…