Dans un nouveau chapitre du débat entre l’Algérie et le Maroc, les médias marocains ont évoqué un projet de confiscation des biens immobiliers appartenant à l’ambassade d’Algérie à Rabat, une démarche que le ministère algérien des Affaires étrangères a dénoncée et considérée comme une «provocation».
Le Maroc a décidé d’exproprier des biens immobiliers algériens dans la ville de Rabat au profit du public pour agrandir des bâtiments administratifs au profit du ministère marocain des Affaires étrangères, dans une nouvelle indication des anciennes tensions entre les deux voisins maghrébins.
L’Algérie a fermement dénoncé cette décision marocaine, estimant dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, publié le 17 mars, que le Maroc « contredit les pratiques internationales civilisées et viole gravement les obligations émanant de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, qui impose aux pays de respecter et de protéger les ambassades situées sur leur territoire à tout moment et en toutes circonstances ».
L’Algérie a considéré que cette décision constitue « une nouvelle phase d’escalade… et une violation flagrante du caractère sacré et du devoir de protection des représentations diplomatiques des pays ».
Le communiqué algérien qualifie l’affaire de « véritable opération de vol » et affirme que le gouvernement algérien « répondra à ces provocations par tous les moyens qu’il jugera appropriés. Il recourra également à tous les moyens et méthodes juridiques disponibles, notamment dans le cadre des Nations unies, en vue de faire respecter ses intérêts ».
Le Maroc a déclaré ceci dans la décision publiée au Journal officiel : « L’intérêt public exige… l’expropriation des propriétés nécessaires à cet effet ». Les immeubles visés par la décision comprenaient des biens immobiliers appartenant à l’Algérie.
Cet échange a suscité une nouvelle fois des inquiétudes sur l’évolution des relations entre les deux pays, selon l’Agence de presse du monde arabe dans un reportage dans lequel elle fait état de l’avertissement de l’analyste politique et professeur de relations internationales à l’Université d’Alger, Tawfiq Bouquaida, sur l’orientation de ces relations, estimant qu’elles portent « un signe avant-coureur de guerre entre les deux pays frères ».
Les relations entre les deux pays connaissent une crise diplomatique persistante depuis que l’Algérie a rompu ses relations avec Rabat à l’été 2021, accusant cette dernière d’avoir commis des « actes hostiles » à son encontre, dans le contexte du différend entre les deux pays sur le Sahara occidental et de la normalisation par le Maroc de ses relations avec Israël en échange de la reconnaissance par les États-Unis de leur souveraineté sur ce territoire contesté.
Le Maroc a exprimé ses regrets face à la décision algérienne et rejeté ces « fausses justifications ».