La Banque centrale du Japon (BoJ) a relevé ses taux d’intérêt, tôt ce matin du 19 mars 2024, pour la première fois depuis 2007. Cette mesure met fin au seul régime de taux négatifs au monde, en place depuis 2016.
La BoJ a précisé qu’elle n’était pas sur le point de se lancer dans des hausses de taux agressives. Elle prévoit que les conditions financières accommodantes seront maintenues pour le moment, compte tenu de la fragilité de la croissance de la quatrième plus grande économie du monde.
Politique monétaire révisée
La Banque a relevé ses taux d’intérêt à court terme de -0,1% à 0,1% environ. Elle a également aboli sa politique radicale de contrôle de la courbe des taux pour les obligations souveraines japonaises, utilisée pour cibler les taux d’intérêt à long terme en achetant et en vendant des obligations selon les besoins.
La BoJ continuera, toutefois, à acheter des obligations d’État pour un montant globalement identique à celui qu’elle avait auparavant, soit actuellement environ 6 000 milliards de yens par mois.
Réduisant ses achats d’actifs radicaux et son assouplissement quantitatif, la Banque a déclaré qu’elle cesserait d’acheter des fonds négociés en Bourse et des fonds d’investissement immobiliers japonais. Elle s’est également engagée à réduire lentement ses achats de billets de trésorerie et d’obligations d’entreprises, dans le but de mettre fin à cette pratique dans un an environ.
Ces changements marquent un tournant historique et représentent le recul le plus net de l’un des exercices d’assouplissement monétaire les plus agressifs au monde, qui visait à sortir l’économie japonaise de sa spirale déflationniste.
Objectif d’inflation en vue
La BoJ n’a pratiquement pas bougé de sa politique monétaire ultra-libre malgré le fait que l’inflation sous-jacente dépasse son objectif de 2% depuis plus d’un an. Les responsables politiques étaient toujours convaincus que les hausses de prix sont en grande partie importées.
La Banque pense que le résultat des négociations salariales de cette année sera la clé d’une augmentation durable des prix, entraînant une spirale vertueuse, la demande intérieure alimentant l’inflation. Une revalorisation de 3,7% est pour le moment accordée aux travailleurs et il est probable qu’elle soit encore améliorée. Cette hausse est encore plus importante que celle de l’année dernière, qui était déjà la plus forte depuis trois décennies.
Les données récentes ont effectivement montré que le cycle vertueux entre les salaires et les prix est devenu plus solide. L’objectif de stabilité des prix serait donc atteint de manière durable et stable prochainement.
Le yen japonais s’est affaibli jusqu’à 150,28 contre le billet vert, tandis que l’indice boursier Nikkei a fait le yoyo. Les rendements des obligations japonaises à 10 ans et à 30 ans ont baissé.