On se rappelle, les premiers jours de la guerre d’Ukraine. Pratiquement, tous les dirigeants occidentaux refusaient de discuter les trois principales raisons de la crise : les soucis de sécurité de la Russie ; la pertinence de l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan ; la politique de la porte ouverte de l’Otan.
Tous étaient contre la discussion de tels sujets, sauf le président français Emmanuel Macron. Il apparaissait alors comme la colombe française à laquelle les faucons américains, britanniques, allemands, polonais et autres tournaient le dos.
Le 3 décembre 2022, Macron a déclaré dans une interview à la télévision française : « Ce que nous devons faire ? Protéger nos alliés et nos États membres en donnant des garanties de sécurité à la Russie le jour où elle reviendra à la table des négociations. L’un des points essentiels sur lesquels nous devons nous pencher – comme l’a toujours dit le président Poutine – est la crainte que l’OTAN vienne jusqu’à ses portes et qu’elle déploie des armes qui pourraient menacer la Russie.»
Le même jour, Macron a soutenu que « l’Occident doit écouter les appels de Vladimir Poutine en faveur de l’indivisibilité de la sécurité, du principe selon lequel un pays ne peut accroître sa sécurité au détriment d’un autre, et donner des garanties à la Russie quant à ses préoccupations en matière de sécurité ». Il a également reconnu qu’il était « essentiel de négocier l’objection de la Russie à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et au déploiement d’armes par l’OTAN en Ukraine. »
Avec de tels propos, Macron était alors isolé, pour ne pas dire moqué. Ses partenaires américains, britanniques et allemands s’accrochaient alors à la guerre comme un bienfait qui les débarrassera une fois pour toutes de la Russie en tant que force militaire et énergétique en la mettant sous domination occidentale ou en la faisant exploser en cantons rivaux…
Aujourd’hui, alors que la guerre tourne de plus en plus en faveur de la Russie ; alors que l’Ukraine est à genoux et des doutes de plus en plus répandus sur son avenir d’Etat viable ; alors que l’aide financière et militaire occidentale à l’Ukraine se fait de plus en plus rare, voilà la Colombe française qui endosse l’habit d’un faucon.
Soudain, sans crier gare, Macron a adopté le même langage utilisé par le président Zelensky. Dans une déclaration le 26 février, il a exigé le retrait total des troupes russes de « tous les territoires ukrainiens, y compris la Crimée ».
Le 14 mars dernier, il franchit encore un pas dans son bellicisme antirusse. A la stupéfaction de ses pairs occidentaux, il a affirmé à la télévision française qu’« aucune option ne doit être écartée pour assurer la défaite de la Russie, y compris l’envoi des troupes sur le terrain en Ukraine. »
Le 15 mars, dans un entretien réalisé à son retour de Berlin où il a rencontré les dirigeants allemand et polonais, il a affirmé : « Je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative – il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. La force de la France, c’est que nous pouvons le faire. Il ne faut pas nous laisser intimider par les Russes. »
Le changement brutal d’attitude de Macron vis-à-vis de la guerre en Ukraine a soulevé un tollé parmi le spectre politique français, de l’extrême de droite à l’extrême gauche, et la consternation chez les dirigeants occidentaux.
La réaction la plus rapide et la plus nette est venu du chancelier allemand Olaf Scholz qui a réaffirmé son opposition à l’envoi de troupes otanesques sur le terrain. C’est peut-être la raison pour laquelle Macron s’est déplacé de toute urgence pour rencontrer Olaf Scholz pour tenter de le convaincre, aidé en cela par le président polonais, fervent interventionniste contre la Russie…
En affirmant à son retour que « je n’ai eu aucune fâcherie avec le chancelier », beaucoup ont vu dans cette déclaration la preuve que ses entretiens avec Olaf Scholz étaient loin d’être calmes et sereins…
Macron a-t-il mis les pieds dans le plat par ses déclarations bellicistes contre la Russie ? Une chose est certaine, à vouloir entraîner l’OTAN dans la guerre contre la Russie, Macron, ne met pas seulement en danger son pays, mais le monde entier où le risque d’une guerre nucléaire généralisée est de plus en plus grand. La réponse la plus cinglante à la colombe-devenue-faucon vient du colonel Larry Wilkinson, retraité de l’US Army, qui, scandalisé par les fanfaronnades du président français, a affirmé : « les forces françaises seront décimées à la première salve lancée par Poutine. »