Un certain nombre de Libyens ont organisé, jeudi 21 mars 2024, une manifestation devant la salle des martyrs de la ville de Misrata et sur la place d’Alger à Tripoli, la capitale. Et ce, pour exiger la suppression d’une taxe de 27 % sur le taux de change officiel. Ils ont réclamé le départ des responsables de la détérioration des conditions économiques du pays, malgré sa classification comme État producteur de pétrole.
A Misrata, des manifestants ont déclaré aux médias présents que la taxe serait prélevée sur les moyens de subsistance. Ils ont donc exigé l’abolition de la taxe sur le taux de change. « Il n’y a pas d’autre choix que l’escalade », ont-ils tonné.
Sur la place d’Alger, dans la capitale Tripoli, l’un des organisateurs a déclaré à Al-Arabia : « Nous avons organisé une manifestation pour exiger l’abolition d’une taxe sur le taux de change et demander des comptes aux corrompus ». Tout en ajoutant qu’il y a des manifestations à intensifier en coordination avec diverses villes de Libye.
A noter que la Banque centrale de Libye a officiellement commencé à mettre en œuvre le nouveau taux de change, comprenant une taxe de 27 % sur le prix des ventes de devises, mercredi 20 mars, dans diverses banques commerciales.
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Le directeur du Département du contrôle bancaire et monétaire de la Banque centrale de Libye s’est adressé aux banques dans une lettre publiée le 19 mars 2024 pour mettre en œuvre la nouvelle décision. Et ce, sur la base de la décision du président de la Chambre des représentants, Aguila Saleh, d’imposer une taxe sur le taux de change.
Le message souligne la nécessité de faciliter les procédures de change et d’ouvrir des crédits documentaires à toutes fins, biens et services, le client s’engageant à accepter le prix majoré de la taxe.
Des sources de la Banque centrale de Libye ont déclaré que la taxe est temporaire jusqu’à la fin de l’année, afin de défendre le taux de change actuel face à la demande croissante de devises. Cependant, la décision exclut les entreprises du secteur public.
La mise en œuvre de la décision intervient malgré le rejet d’un certain nombre de membres de la Chambre des représentants, ainsi que le rejet de la décision par le Premier ministre du gouvernement d’unité nationale, Abdelhamid Dbaiba, qui a confirmé que la situation économique est bonne et que le pays n’a pas besoin de « nouvelles mesures exceptionnelles ».
Le 18 septembre 2018, le président du Conseil présidentiel de l’époque a décidé d’imposer une commission sur les ventes de devises de 183 %, qui a ensuite été réduite à 163 %. Après cela, le Conseil d’administration de la Centrale La Banque de Libye a annoncé le taux de change unifié de 4,48 dinars pour un dollar, puis le prix a augmenté jusqu’à 4,8 dinars pour un dollar.
Le 14 mars dernier, le président de la Chambre des représentants a décidé d’imposer une taxe de 27 % sur les ventes de devises.
La Libye dépend principalement du pétrole pour ses revenus financiers, qui est soumis à de fréquentes fermetures par des groupes armés. Ce qui entraîne une baisse de la production et donc une baisse des revenus en dollars destinés à financer les importations, les dépenses publiques et les salaires.