Nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la décision de l’Afrique du Sud de porter plainte contre le génocide perpétré par les Israéliens à l’encontre des Palestiniens. Cette interrogation pourrait être dissipée si ces personnes étaient conscientes de l’héritage laissé par le leader Nelson Mandela qui avait toujours affirmé que la véritable libération de l’Afrique du Sud ne surviendrait que lorsque la Palestine serait également libre.
Les véritables leaders sont ceux qui, même après leur disparition, continuent d’inspirer et d’être suivis par leur peuple, ainsi que par les peuples d’autres nations. C’est pourquoi une grande partie du peuple tunisien continue d’être inspirée par l’héritage du Zaïm Bourguiba, dont les sacrifices, ainsi que ceux de tous les militant(es) qui l’accompagnaient, ont permis d’instaurer un 20 Mars ! Un legs envié par de nombreux pays arabes et africains jusqu’à ce jour. En effet, si la Tunisie, malgré les épreuves des dernières décennies, résiste encore, c’est bien grâce à cet héritage bourguibien.
L’unification du système juridique et judiciaire, qui a propulsé la Tunisie dans l’ère de la modernité et de l’État de droit, contrairement à d’autres pays confrontés à un « pluralisme juridique » en contradiction avec les principes d’égalité et d’équité.
Est-il nécessaire de rappeler cet héritage alors que les générations de mes grands-parents, de mes parents et la mienne ont eu la chance d’en bénéficier ? Je ne souhaiterais rappeler que les transformations majeures opérées par le Zaïm, qui ont servi de fondations au développement de la Tunisie, des réalisations que la plupart des pays arabes et africains n’ont pas encore pu accomplir, même 70 ans après leur indépendances respectives:
- L’unification du système juridique et judiciaire, qui a propulsé la Tunisie dans l’ère de la modernité et de l’État de droit, contrairement à d’autres pays confrontés à un « pluralisme juridique » en contradiction avec les principes d’égalité et d’équité.
- L’établissement d’un État unitaire face au tribalisme généralisé, et capable de rassembler tous les citoyen(nes) autour d’un même idéal de développement. Nous avons malheureusement assisté à la division du Soudan et d’autres pays de la région pourraient suivre, risquant de déclencher des guerres fratricides.
- L’instauration du Code du Statut Personnel, promulgué intelligemment trois ans avant la Constitution, qui a garanti la plupart des droits des femmes, dont le mariage civil, le divorce civil, l’interdiction de la polygamie (une première et unique mesure dans le monde arabe et musulman), le droit à l’avortement (accordé vingt ans avant la France et actuellement remis en cause dans plusieurs États américains), ainsi que tous les droits civils, politiques et économiques, à l’exception de l’égalité successorale. Le droit à l’adoption, inexistant dans de nombreux pays arabes malgré le nombre élevé d’enfants abandonnés, a aussi été institué.
- L’abolition des habous et son impact sur l’urbanisme et la gestion des villes.
- Sur le plan culturel, la création de salles de cinéma, de théâtres, de maisons de la culture, et des clubs sportifs, bien plus que ce que nous avons aujourd’hui.
Toutes ces réalisations et bien d’autres ont été le fruit d’un leadership éclairé, qui a eu l’intelligence émotionnelle de s’entourer d’une équipe de jeunes ministres, tels que Si Mansour Moalla, appelé par Bourguiba à seulement 27 ans, Mustapha Fillali, ou encore Ahmed Ben Salah…
Cette équipe dynamique a bénéficié du soutien d’innombrables patriotes, hommes et femmes, qui ont parcouru villes et villages pour éduquer la population, notamment sur l’importance du planning familial.
Soixante-dix ans plus tard, nous demeurons en avance sur de nombreux pays arabes et africains. Tel est l’héritage du 20 Mars.
Le 20 Mars nous invite aujourd’hui à adopter les principes de bonne gouvernance, à transformer notre modèle économique, à relancer l’investissement et les grands projets, et à opérer une véritable révolution socio-culturelle. Il nous invite également à orienter la diplomatie tunisienne vers une approche économique proactive et cohérente, tout en établissant des partenariats à long terme.
Cependant, ceux qui en comprennent réellement la signification savent que chaque jour devrait refléter l’élan, l’engagement et l’enthousiasme de cette date mémorable, car la bataille est loin d’être gagnée. Au cours des trois dernières décennies, nous avons perdu beaucoup de temps, d’argent et d’énergie, tandis que la majorité des progressistes de tous bords sont restés silencieux, voire apathiques.
Le 20 Mars nous invite aujourd’hui à adopter les principes de bonne gouvernance, à transformer notre modèle économique, à relancer l’investissement et les grands projets, et à opérer une véritable révolution socio-culturelle. Il nous invite également à orienter la diplomatie tunisienne vers une approche économique proactive et cohérente, tout en établissant des partenariats à long terme. Tout cela ne sera possible que si nous restaurons d’abord notre confiance en nous-mêmes et en notre capacité à combler notre retard technologique, numérique et écologique afin de réaliser l’Agenda 2030. De plus, il est crucial de restaurer la confiance entre toutes les strates de la société, car aucun individu ne pourra se sentir véritablement libéré tant que nous ne le serons pas tous et toutes.
Ensemble, nous pouvons concrétiser une vision pour nous-mêmes et pour les générations futures, et avancer vers : « Une Tunisie où il fait bon vivre, entreprenante, leader et ouverte sur le monde
Ensemble, nous pouvons concrétiser une vision pour nous-mêmes et pour les générations futures, et avancer vers : « Une Tunisie où il fait bon vivre, entreprenante, leader et ouverte sur le monde. Une Tunisie où les citoyennes et les citoyens sont libres, responsables, solidaires, jouissant des mêmes droits et assumant les mêmes devoirs, égaux face aux opportunités, créateurs et innovateurs, des citoyen(ne)s à la fois acteur(ices) et bénéficiaires du développement ».
Ainsi, tout comme les Sud-Africains ont honoré l’héritage de Mandela, nous devons être à la hauteur de l’héritage du Zaïm Bourguiba en poursuivant l’œuvre libératrice qu’il a initiée, un certain 20 Mars 1956.
Par Khadija T. Moalla