Un perdant qui félicite son adversaire et un président sortant qui appelle le nouvel élu avant même la proclamation des résultats officiels… C’est plutôt une pratique courant dans les démocraties occidentales. Pourtant, c’est ce qu’on vient de vivre au Sénégal, suite à l’élection présidentielle du dimanche 24 mars 2024.
Bassirou Diomaye Faye est sans doute le futur président du Sénégal. Il vient de remporter la présidentielle sénégalaise dès le premier tour; et ce, à seulement 44 ans. Après avoir reçu les félicitations du chef de l’Etat sortant, Macky Sall, et de celles de son adversaire, il a effectué une apparition publique dans la soirée du lundi 25, au cours de laquelle il a prononcé un discours d’un “président élu“.
Voici ces premiers mots devant la presse locale et internationale : « Je voudrais dire à la communauté internationale, à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux, que le Sénégal tiendra toujours son rang. Il restera le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive », rapporte RFI.
Ensuite, il s’est adressé à l’organisation sous-régionale, la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest : « Je lance un appel à nos frères et sœurs africains pour qu’ensemble, nous consolidions les acquis obtenus dans les processus de construction de l’intégration de la CEDEAO. Tout en corrigeant les faiblesses et en changeant certaines méthodes, stratégies et priorités politiques », ajoute la même source.
Et le futur président de s’adresser aux Sénégalais non seulement pour les féliciter de lui avoir accordé leur confiance, mais aussi pour leur dire ses premières priorités. « Le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture, celle avec le système en place. Mes chantiers prioritaires seront la réconciliation nationale, une refonte des institutions, le renforcement de notre vivre-ensemble, l’allègement sensible du coût de la vie, les concertations nationales inclusives, sectorielles, sur l’évaluation et la relance des politiques publiques. »
Il s’engage aussi à combattre la corruption, sous toutes ses formes et à tous les échelons. Sans doute, vaste programme! « Sénégalaises, Sénégalais, mes chers compatriotes, hôtes étrangers qui vivez parmi nous, la tenue de l’élection présidentielle que nous venons de vivre consacre avant tout la victoire du peuple, du peuple sénégalais, dans le combat engagé pour la défense de sa souveraineté et des valeurs démocratiques », a-t-il souligné.
Le jeune futur président rassure : « Je m’engage à gouverner avec humilité, dans la transparence ».
Au passage, il n’a pas manqué de saluer « la posture » des autres candidats qui, selon ses dires, « sans exception, ont honoré une tradition bien sénégalaise, sans même attendre la proclamation des résultats officiels par les instances habilitées de l’État ».
En tout cas, ceci montre que si des élections transparentes sont organisées en Afrique, rares sont les présidents sortants qui pourraient se faire réélire.
Que dire d’autre sinon que le Sénégal – avec le Ghana – vient de nous montrer qu’il constitue une exception politique en Afrique. Maintenant, attendons les actes.