Les lecteurs et les amateurs de littérature arabophone auront bientôt le plaisir de découvrir une nouvelle et troisième traduction du roman slovène « Alamut » (1938) de l’écrivain Vladimir Bartol. Cette fois-ci, c’est le poète, traducteur et chercheur en littérature arabe, Achref Kerkeni, qui s’est chargé de cette tâche, produisant une version étendue sur 632 pages. Le roman sera publié par les Éditions Miskiliani et sera disponible lors de la Foire Internationale du Livre de Tunis, qui se tiendra du 19 au 28 avril au Parc des Expositions du Kram.
L’histoire se déroule dans les montagnes du nord de l’Iran en 1092 et raconte l’ascension de deux personnages au sein de la secte religieuse des Ismaéliens, dérivée des chiites, qui est basée dans la forteresse d’Alamut. Sous la direction de Hasan-Ibn Sabbah, les Haschichins, ou Assassins, mènent une lutte religieuse effrénée contre leurs voisins religieux, y compris le sultan de Turquie seldjoukide, ainsi que les autorités à Téhéran et Bagdad.
Dans une déclaration à L’Économiste Maghrébin, le traducteur tunisien Achref Kerkeni explique qu’aucun obstacle ne devrait entraver la traduction d’un chef-d’œuvre incontournable, même s’il a déjà été traduit par d’autres. Pour lui, chaque traduction représente une nouvelle création littéraire dans une autre langue. Cette motivation est d’autant plus forte lorsque le texte traduit a été mal interprété ou n’a pas retrouvé sa pleine grandeur dans la traduction, précise notre invité.
En effet, Achref Kerkeni soutient que les deux traductions en arabe d' »Alamut » ont nui à l’œuvre, notamment en ce qui concerne le style de l’écrivain. Afin de fournir aux lecteurs une traduction plus fidèle, il a opté pour une approche comparative en utilisant à la fois une traduction française et une traduction anglaise. Il souligne que les traductions existantes de ce roman ne sont pas fidèles à l’esprit du roman. Il explique que ces versions ont échoué à capturer pleinement le style romanesque. Selon lui, ces traductions n’ont pas réussi à restituer l’essence même de l’œuvre originale.
Ainsi, ce processus a nécessité six mois de travail. Il souligne que ce chef-d’œuvre reste d’actualité et aborde des sujets toujours pertinents de nos jours. Il estime que Vladimir Bartol avait en tête le contexte de la Deuxième Guerre mondiale et l’émergence des dictatures lorsqu’il a écrit ce roman. En conclusion, le poète espère que sa traduction encouragera les lecteurs à redécouvrir l’œuvre de Bartol.