Dans le paysage des séries diffusées pendant le Ramadan, « Selat Rahem » se démarque par son scénario captivant et un casting exceptionnel. Réalisé par Tamer Nady et écrit par Mohamed Hesham Obayya, interprété par Yosra Ellozy, dans le rôle de Leila, Eyad Nassar, dans le rôle de Houcem, et Asma Abou Zeyed dans celui de Hanan, ce feuilleton égyptien aborde des sujets controversés, voire tabou dans le monde arabe – mais pas seulement -, mais qui appellent à réfléchir. Il s’agit entre autre de la gestation pour autrui (GPA).
Le synopsis explore non seulement les avancées scientifiques mais aussi le volet législatif et religieux. Car, dans le monde arabe et musulman, ce sujet ne fait pas partie des discussions (sociales ou politiques). La GPA est carrément interdite dans la plupart des pays musulmans.
D’ailleurs, même dans les pays occidentaux/chrétiens, le sujet est loin d’être des plus simples. A titre d’exemple, la GPA est interdite en Allemagne, en Belgique, en Espagne en Italie, au Luxembourg, etc., contrairement à d’autres pays qui autorisent le recours aux mères porteuses : le Danemark, les Pays-Bas, l’Albanie, la Géorgie, la Grèce, le Canada, certains États fédérés américains.
Qu’on soit pour ou contre, le sujet mérite réflexion et débat, au triple plan politique, législatif et social.
Heureusement qu’en Tunisie, selon le conseil des droits de l’Homme, la loi autorise la gestation pour autrui mais sous certaines conditions : elle place l’intérêt de l’enfant au centre de tout. Et ce pour éviter tout abus.
Pour revenir au feuilleton proprement dit, ses 15 épisodes engagent la réflexion autour des droits reproductifs des femmes, l’avortement et la perte de l’utérus. Le feuilleton offre donc un regard socialement nécessaire sur des problèmes de société complexes, en présentant des personnages nuancés et des situations émotionnellement chargées. Mais le réalisateur ne s’arrête pas là, il met en lumière les éventuelles conséquences de chaque choix, même en apparence anodin.
Il convient de rappeler que la Tunisie est le premier pays arabe et musulman à autoriser le droit à l’avortement; c’était en 1973, et ce 20 ans avant la France, et actuellement remis en cause dans plusieurs États américains. Mais il est apparu 10 ans plu tôt en Tunisie, en 1963, avec l’apparition du Planning familial, de la contraception et du droit à l’avortement pour les mères d’au moins cinq enfants ont changé la donne.
Il a fallu un Habib Bourguiba pour faire cette avancée socialement féministe en Tunisie.
Le thème de la gestation pour autrui est exploré à travers le personnage de Hanan, une mère porteuse qui fait face à des dilemmes émotionnels complexes. La série aborde également la question de l’avortement à travers le personnage du docteur Khaled, soulignant l’importance de l’autonomie des femmes dans les décisions liées à leur santé reproductive.
En mettant en avant l’histoire de Leila et sa perte d’utérus, « Selat Rahem » souligne les défis émotionnels et sociaux auxquels les femmes peuvent être confrontées. À travers ces différents récits, le feuilleton offre une réflexion profonde sur la maternité, la féminité et les droits reproductifs.
La « gestation pour autrui » est aujourd’hui le sujet de débats au moins aussi conflictuels, entre pénaliser ou pas, encadrer ou pas, légaliser ou pas, parce que dans les trois cas, il s’agit d’une situation qui se pratique généralement en cas d’infertilité. Comme son nom l’indique, la mère porteuse porte l’enfant d’un couple de parents intentionnels qui a fourni des embryons. Elle ne fournit habituellement pas de contribution génétique, c’est-à-dire d’ovule, mais prend en charge le développement in utero d’un embryon et, à la naissance, remet l’enfant aux parents d’intention.
Les questions sont souvent plus importantes que les réponses. Selat Rahem a tenté de mieux appréhender l’une des questions universelles de société, qui risque de se poser de plus en plus dans l’avenir.