La commémoration de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars de chaque année, officialisée par l’ONU depuis 1977, vient nous rappeler que les écarts entre les sexes persistent toujours malgré tous les efforts déployés. Il est vrai que des avancées ont été enregistrées dans certains domaines, notamment l’éducation, mais les disparités au niveau de la participation au marché du travail sont alarmantes. Le taux moyen de participation des femmes à la vie active est de 53% contre 80% pour les hommes, selon les derniers chiffres de la Banque mondiale. L’accès aux produits financiers est l’une des causes parmi la myriade de raisons qui expliquent ce large décalage.
Le rapport The Global Findex (2021) souligne que plus d’un milliard de femmes dans le monde sont exclues des services financiers formels, soit 40% des femmes adultes. En Tunisie, cet écart est beaucoup plus important, seulement 28.75 % des femmes détiennent un compte chez une institution financière contre 45.14% pour les hommes. Le niveau limité des connaissances des produits et des risques financiers, le coût élevé, le travail informel, les stéréotypes de genre sont tous des obstacles à l’inclusion financière des femmes.
Plusieurs initiatives nationales et internationales ne cessent de se développer afin de faciliter l’accès au financement aux populations vulnérables en général et aux femmes en particulier. Le développement de la Fintech et le paiement digital, la multiplication des institutions de microcrédits et la promotion de l’éducation financière ont amélioré la donne pour plusieurs pays. Les efforts dans ce sens doivent continuer, mais il faut aussi envisager l’inclusion à une plus grande échelle. Au-delà de la microfinance, les femmes entrepreneures trouvent souvent des difficultés à financer leurs nouveaux projets ou à développer leurs entreprises. La discrimination au niveau de l’accès au crédit via le réseau traditionnel des banques est un frein majeur au développement d’un entrepreneuriat féminin d’envergure, capable de stimuler la croissance et de soutenir l’économie.
De récentes études montrent que la résorption des inégalités de genre en termes d’emploi pourrait augmenter le PIB mondial de plus de 20% et doubler le taux de croissance mondial durant la prochaine décennie.
La promotion de l’égalité des sexes, ce n’est pas un combat idéologique, mais une opportunité économique.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 891 du 27 mars au 10 avril 2024