Le monde retient son souffle dans l’attente de la réaction iranienne au bombardement israélien d’un consulat de la République islamique à Damas qui a fait 13 victimes, dont un général iranien de haut rang. Ce n’est pas la première fois que l’Etat sioniste agresse l’Iran. On ne compte plus les provocations israéliennes contre la République islamique auxquelles Téhéran a répondu par « la patience stratégique ». Un euphémisme par lequel l’Iran a longtemps justifié sa retenue de ne pas répondre aux provocations et agressions israéliennes.
La raison est simple. Les responsables iraniens savent pertinemment que les Etats-Unis sont, comme l’a dit le professeur Jeffrey Sacks, « le pays vassal d’Israël ». Le pays qui, comme il l’a démontré à maintes périodes et dans différentes situations, n’a aucun problème d’aller à l’encontre de ses propres intérêts pour servir ceux d’Israël. Par conséquent, l’Iran sait que s’il entre en guerre avec Israël, Washington entrera forcément dans la danse et enverra ses bombardiers contre les villes iraniennes. Cette perspective a toujours été ardemment désirée par Israël et fortement redoutée à juste titre par les autorités iraniennes.
Cette fois, les choses sont différentes puisque l’Iran semble se détourner de sa traditionnelle « patience stratégique ». Et ce, en affirmant clairement que, cette fois, ce ne sont pas les alliés de Téhéran dans la région qui vont répondre, mais les forces iraniennes elles-mêmes.
Devant l’impossibilité de prévoir la nature et le lieu de la réaction iranienne, Israël a déjà fermé 28 de ses représentations diplomatiques à l’étranger et mis toutes ses forces en état d’alerte.
Des responsables américains ont déclaré à la chaine américaine, NBC News, qu’ils craignaient que l’Iran envisage de frapper des cibles en Israël même ou dans un bâtiment du consulat israélien dans la région. Ils ont déclaré que « les frappes pourraient être lancées à l’aide d’un essaim de drones ou de missiles de croisière d’attaque terrestre. »
Vendredi 5 avril, Mohammad Jamshidi, conseiller du président iranien Ibrahim Raisi, a déclaré que Téhéran avait demandé aux États-Unis de ne pas s’impliquer si l’Iran répondait. « Dans un message écrit, la République islamique d’Iran a averti les dirigeants américains de ne pas se laisser entraîner dans le piège tendu par Netanyahu pour les États-Unis ».
Selon M. Jamshidi, en réponse à ce message, « les États-Unis avaient demandé à l’Iran de ne pas cibler les installations américaines. » La version de la Maison Blanche de l’échange de messages est différente. Un responsable de l’administration Biden a affirmé à NBC : « Nous avons reçu un message de l’Iran suite à la frappe à Damas. En réponse, nous avons clairement indiqué que nous n’étions pas à l’origine des frappes. Nous avons également averti l’Iran de ne pas utiliser cette frappe comme prétexte pour poursuivre l’escalade dans la région ou attaquer des installations ou du personnel américains. »
Jusqu’à l’écriture de ces lignes (le matin du lundi 8 avril), l’Iran n’a toujours pas répondu au bombardement de son consulat en Syrie, une réponse que Netanyahu, à l’évidence, désire ardemment qu’elle soit sur le territoire israélien et la plus violente possible dans l’espoir que cela entrainerait les Etats-Unis en guerre directe avec l’Iran.
Il faut rappeler ici qu’Israël, de mèche avec les néoconservateurs américains, a réussi à convaincre la Maison Blanche de partir en guerre contre l’Irak de Saddam Hussein, la Libye de Mouammar Kadhafi et la Syrie de Bachar al Asad. Au grand bénéfice d’Israël, les régimes des deux premiers ont été détruits et le troisième était sauvé in extrémis par l’intervention du Kremlin.
Mais le renversement du régime baathiste irakien a rendu l’Iran plus fort et plus dominant dans la région. Ce qui a aiguisé la détermination d’Israël à recourir à toutes sortes de manœuvres, de complots, de provocations et d’agressions contre l’Iran. Et ce, dans l’espoir de provoquer une guerre entre les Etats-Unis et la République islamique.
La dernière provocation d’envergure lancée par Netanyahu contre l’Iran n’est pas motivée seulement par le sempiternel objectif israélien de renverser le régime iranien. Elle est motivée aussi et surtout par l’instinct de survie de Netanyahu dont l’espérance de vie politique se réduit de jour en jour et la perspective de se retrouver derrière les barreaux se précise de plus en plus.
Tout le monde sait que Netanyahu est terrorisé de l’idée cauchemardesque qui le hante : terminer misérablement une longue vie politique et finir en prison. D’où sa détermination à prolonger sa vie politique par tous les moyens. Et, pour lui, le meilleur de ces moyens serait de provoquer une guerre régionale où les principaux belligérants seraient l’Iran et les Etats-Unis.
D’après des analystes occidentaux, « la Chine et la Russie sont en train de conseiller à l’Iran de ne pas tomber dans le piège de Netanyahu ». Les responsables iraniens sont les premiers à être convaincus des objectifs de Netanyahu et les plus conscients de ses intentions maléfiques à leur égard et à l’égard de leur pays. Mais ils sont entre le marteau et l’enclume. Entre l’obligation de sauver la face vis-à-vis du peuple iranien et du monde d’une part; et la crainte d’une guerre régionale généralisée destructrice pour l’Iran. En attendant la résolution de cette équation qui s’apparente à la quadrature du cercle, le monde continue de retenir son souffle.