Le 9 avril 1938 reste gravé dans l’histoire de la Tunisie, célébré chaque année en tant que Fête des martyrs.
En 1938, la Tunisie était en pleine agitation, avec des manifestations et des heurts, alors que de nombreux dirigeants étaient emprisonnés, dont le leader Habib Bourguiba. Les Tunisiens descendaient massivement dans les rues pour réclamer des réformes politiques et la création d’un Parlement tunisien.
Malgré le statut de protectorat français, les nationalistes tunisiens luttaient pour reprendre le contrôle de leur pays. Le 10 mars 1938 marque le début des manifestations estudiantines, rapidement suivies par un mouvement populaire à travers le territoire tunisien. Les revendications pour une plus grande autonomie politique se sont intensifiées, malgré la répression des autorités françaises. La journée du 9 avril de cette année-là restera dans les mémoires, marquée par une manifestation qui a mal tourné, causant la mort de 22 personnes et faisant 150 blessés.
Ce tournant historique a été conduit par le Néo-Destour, agissant dans la clandestinité face à la répression. Ce n’est que plusieurs années plus tard, en 1956, que la Tunisie accédera à l’autonomie, suivie de la proclamation de la République en 1957.
Depuis lors, la commémoration de cet événement a été ritualisée, symbolisée par le monument des martyrs à Séjoumi. Cependant, cette date est également l’occasion de se rappeler d’autres périodes sombres de l’histoire tunisienne, comme les événements de 2011, suivis de périodes de troubles et de violences, notamment en 2012 et 2013 ; années marquées par des assassinats politiques et des attaques contre les forces de l’ordre.
Tout comme on se rappelle en 2012 que la Tunisie a été le théâtre d’affrontements, de heurts et d’accrochages, dans un contexte où le gouvernement était dirigé par la Troïka. Le 9 avril 2012, une journée qui aurait dû être une commémoration pour honorer les martyrs, s’est transformée en une tragédie pour les manifestants rassemblés spontanément à l’avenue Habib Bourguiba.
La manifestation n’a duré que trente minutes avant que les forces de l’ordre n’interviennent en utilisant des gaz lacrymogènes, et de nombreux policiers en tenue anti-émeute ont agressé les manifestants dans les ruelles avoisinantes. Ces scènes de violence étaient sans précédent, survenues un an seulement après le 14 janvier 2011.
Aujourd’hui, alors que le monde est confronté à des défis géopolitiques et économiques, la commémoration de la Fête des martyrs rappelle le courage de ceux qui ont lutté pour la liberté et appelle à honorer leur héritage dans ces temps d’incertitude.
Bonne Fête des Martyrs !