Le 9 avril 1938, il y a 86 ans, des émeutes pour un Parlement tunisien faisaient 22 morts et 150 blessés. Faisons-nous assez pour rappeler cet événement? Et d’autres?
Monsieur de La Palisse n’aurait pas parlé autrement : une fête, c’est fait pour être fêtée. Donc, si l’on croit le dictionnaire, qui constitue une référence en la matière, une fête c’est censé être une « période de réjouissance collective ». D’où tout l’intérêt de poser la question concernant nos fêtes nationales.
Les Tunisiens ont remarqué depuis quelque temps que ce n’est pas toujours le cas. La preuve : a-t-on ressenti le 20 mars dernier que nous fêtions le 68ème anniversaire de notre indépendance?
Evidemment, les médias ont évoqué l’événement. Voire consacré des articles ou des émissions de radio ou de télévision. Comme il n’était pas suffisant de se contenter d’un communiqué par-ci et d’un autre par-là. Mais, en comparant ce que nous faisons, en pareils cas, par rapport à certains pays frères et amis, on s’aperçoit que ce que nous faisons n’est sans doute pas assez.
Une date cardinale, puisque considérée par nombre d’historiens comme « un pas décisif vers l’indépendance » de la Tunisie. Les émeutes du 9 avril 1938 ont eu un lourd bilan : 22 morts et près de 150 blessés.
Un déficit
La question mérite d’être posée en ce 9 avril 2024, date anniversaire (86ème) du 9 avril 1938. Une date cardinale, puisque considérée par nombre d’historiens comme « un pas décisif vers l’indépendance » de la Tunisie. Les émeutes du 9 avril 1938 ont eu un lourd bilan : 22 morts et près de 150 blessés.
On ne saura pas évidemment comment sera fêté cet anniversaire. Reste que, contrairement à ce qui se passait il y a quelques années, il y a, semble-t-il, un déficit d’intérêt. Auparavant, les bâtiments publics, par exemple, étaient décorés de drapeaux (grands et petits) comme des petites lampes pour rappeler l’événement au bon souvenir de chacun.
Une quasi constante
Certains diront bien sûr que ces décorations rappelaient bien la propagande d’avant 2011. Nombre de ces petits drapeaux notamment chantaient en sourdine les réalisations du régime en place. Un argument qui ne tient pas toujours la route.
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C’est d’ailleurs, une quasi constante : pour effacer le passé, on a « l’art » de tout effacer. Car, qu’avons-nous fait pour innover? Comprenez pour faire autrement? Partant du principe que les fêtes nationales devaient d’être signalées et soulignées au regard de tous.
Oublions qu’il y a une manière d’agir en la matière : se concentrer sur l’essentiel et ne retenir que ce qui est bon et qui sert le devoir de mémoire que nous avons tous à respecter pour rappeler notamment, génération après génération, que le peuple tunisien a connu des événements que l’on ne peut effacer quel que soit leur promoteur.
Insuffisant
Et ce n’est pas là – il faut insister là-dessus – une histoire qui concerne les seules autorités publiques. Loin s’en faut ! Que font, par exemple, les partis politiques auxquels beaucoup reprochent de n’être intéressés que par la conquête du pouvoir? Que font les associations dont certaines ont dans leur rayon l’identité nationale ou encore la valorisation des acquis du pays comme slogan? Et même les citoyens? Accrocher un drapeau sur un balcon, c’est souvent suffisant.
Entretenir la flamme
Car, il est question ici notamment de ce que les spécialistes appellent la « communication physique ». Une communication qui par quelques signes apparents montre ce devoir de mémoire qui nous rappelle que des Tunisiens sont tombés pour demander un Parlement tunisien.
Et il faut toujours être innovant. Pourquoi ne pas imaginer à chaque fête nationale une initiative qui revalorise la ferveur et entretient la flamme d’événements qui ont fait ce que nous sommes aujourd’hui? Et ce, quel que soient les difficultés du présent.