Depuis sa fondation à la fin de l’année 2009, l’Espace Culturel privé Aykart maintient ses activités malgré divers obstacles, notamment le manque de ressources financières et l’absence de soutien financier du ministère des Affaires culturelles. Voici un aperçu de cet espace.
Amal Touati, la directrice de l’Espace Culturel Aykart, présente cet établissement comme un lieu qui conjugue érudition et art. L’érudition se manifeste à travers une vaste collection de plus de 10 000 livres couvrant divers domaines spécialisés tels que la philosophie, la littérature et les sciences humaines. Tandis que l’art est représenté par divers clubs artistiques. Cet espace sert de lieu de rencontres entre écrivains, artistes et public, favorisant des échanges fructueux au travers de tables rondes. Malgré son dynamisme et ses compétences, l’Espace Culturel Aykart n’a jamais bénéficié de soutien financier de la part du ministère des Affaires culturelles. Amal Touati souligne que l’établissement est en règle sur le plan fiscal. Mais elle regrette le manque de réponse à ses demandes de subventions; en plus du désintérêt des responsables ministériels qui n’ont jamais visité l’espace.
Gérer un espace culturel privé en Tunisie dans le contexte économique actuel représente un défi de taille. Le fondateur de l’espace, Adel Bouallegue, sociologue et musicien, assume toutes les dépenses nécessaires de sa propre poche, les recettes générées par l’espace étant insuffisantes à cet égard.
Pour assurer ses revenus, l’espace propose divers clubs (peinture, chant, guitare), dont les animateurs et la direction se partagent les recettes. De plus, l’espace dispose d’un studio d’enregistrement accessible à des tarifs raisonnables voire symboliques pour les artistes et les étudiants. Des partenariats avec des ONG et des associations étrangères contribuent également au financement, de même que la vente de livres de la bibliothèque à prix réduit. Les concerts de la troupe musicale Ajrass d’Adel Bouallegue constituent également une source de financement.
Interrogée sur la viabilité d’un espace culturel privé sans le soutien du ministère des Affaires culturelles, Amal Touati estime que cela est possible grâce à des partenariats rémunérés ou à des appels à projets. Elle souligne toutefois l’importance de la conviction du porteur de projet dans la valeur de son initiative et de son engagement en faveur de la liberté d’expression et du savoir.
Amal Touati exprime des réserves quant à l’approche du ministère des Affaires culturelles, critiquant notamment le format des rencontres littéraires qu’il organise. Elle déplore le manque de temps laissé au public pour interagir avec les invités et le caractère protocolaire de ces événements, incompatibles avec les contraintes horaires de nombreux participants. Elle regrette encore le manque de diversité dans les intervenants, plaidant pour une ouverture à des penseurs critiques.
Elle met en avant la philosophie de l’Espace Culturel Aykart, qui privilégie l’inclusion et cherche à échapper aux conventions. Elle évoque notamment le petit-déjeuner littéraire comme exemple de format non conventionnel, favorisant le dialogue entre l’écrivain et le public dans une atmosphère décontractée.
Amal Touati souligne enfin les difficultés d’accès à la culture en Tunisie, en particulier pour les populations à faibles revenus et dans les régions éloignées. Elle appelle ainsi à une intervention publique visant à rendre la culture plus accessible, notamment par le biais de subventions pour les événements culturels et d’une réhabilitation des infrastructures culturelles locales.