Le groupe littéraire Tahta Essour, signifiant « sous les remparts » en français, notamment un de ses membres, l’écrivain Ali Douagi (1909-1949), n’a pas reçu l’attention qu’il méritait. C’est l’une des raisons ayant poussé le journaliste et écrivain Dhia Bousselmi à écrire son livre en langue arabe فنّان الغلبة والعنقود المفقود « Dans les labyrinthes des écrits d’Ali Douagi », publié aux éditions Pos Libris.
Ce groupe littéraire proposait une contre-culture à la culture dominante de l’époque. Comme l’un de ses membres, Ali Douagi est enraciné dans le contexte tunisien tout en étant ouvert sur le monde. M. Bousselmi affirme dans le même contexte que son livre est également une fenêtre sur la Tunisie de l’entre-deux-guerres, dans une déclaration à l’Economiste Maghrébin.
Il considère qu’il aurait dû y avoir plusieurs œuvres cinématographiques portant sur ce groupe littéraire et Ali Douagi. Soulignant l’importance de cet écrivain et poète, il indique que les pensées d’Ali Douagi rejoignent celles d’Abou Kacem Chebbi, Taher Haddad et tant d’autres.
Parmi les spécificités d’Ali Douagi, on peut noter sa révolte contre la situation misérable de la femme tunisienne pendant cette période de l’entre-Deux-Guerres mondiales. Ces pensées ne se reflètent pas dans un cadre d’essai ou de doctrine, mais on les voit sous un angle optimiste et important dans ses nouvelles où les personnages féminins agissent positivement. « À partir de cette remarque, l’écrivain interprète l’importance qu’accordait Ali Douagi à la condition de la femme tunisienne à certains moments. C’est une expression littéraire indirecte », lance-t-il.
Il est également ancré dans la réalité tunisienne et il n’est pas dissocié de celle-ci. Il considérait la littérature comme une ouverture vers d’autres horizons ; il voyageait, puisait son inspiration dans le vécu et la vie quotidienne.
Cet écrivain a tiré à boulets rouges contre ceux qui s’étaient enrichis après la Guerre.
Son importance réside également dans sa polyvalence. Puisqu’il a écrit pour la presse, le nouveau théâtre et le genre de la nouvelle. Dhia explique qu’il a choisi cet écrivain car il a vécu dans l’ombre et dans la marge et est mort dans la marge et dans l’ombre. Il a été rejeté par la société, notamment les rétrogrades, d’où l’importance de le réhabiliter. C’était quelqu’un qui échappait aux cadres officiels, rappelle-t-il.