Après cinq défaites humiliantes, Ons Jabeur pourra-t-elle rebondir et remonter la pente ? Oui, à condition qu’elle prenne les décisions qui s’imposent : c’est qu’il y a péril en la demeure.
Incontestablement, l’année 2024 semble être une annus horribilis pour Ons Jabeur. En surpoids, un genou qui la gêne manifestement dans ses déplacements sur le terrain, un service hésitant, des fautes directes et des points gratuits offerts à l’adversaire et un jeu approximatif dans l’ensemble, ses fans s’interrogent à juste titre : notre icône nationale, qui, à chaque fois perd son duel face à des joueuses qu’elle surclasse sur tous les plans, retrouvera-t-elle bientôt ses sensations d’antan et sa hargne de gagne ? Va-t-elle briser le signe indien et rebondir ? Mais en est-elle capable ?
Malédiction du 1er tour
Laissons parler les chiffres : depuis le début de la saison 2024, elle enregistre cinq défaites dans des tournois mineurs avec chaque fois une piteuse sortie par la petite porte au premier ou au deuxième tour.
Ainsi, au deuxième tour de l’Open d’Australie, la Tunisienne, triple finaliste en Grand Chelem, fut éjectée en moins d’une heure, 6-0, 6-2, dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 janvier, par la Russe Mirra Andreeva, 47e mondiale, tout juste âgée de 16 ans.
Un mois plus tard, elle s’inclinera d’emblée au premier tour, le 13 février 2024, au tournoi de Doha face à l’Ukrainienne Lesia Tsurenko, 39e mondiale au score sans appel de 6-3, 6-2.
Rebelote. Elle connut le même sort le 9 mars à l’occasion du 32e de finale tournoi 1000 d’Indian Wells où elle aura enregistré sur la terre battue californienne son 3ème échec de l’année en étant battue dès le premier match par Katie Volynets, 131e mondiale, par 4-6, 4-6 en 1h23′. L‘Américaine réalisa sa 2e grande victoire de sa carrière contre une adversaire du Top 10.
Ensuite, dans le cadre des 32es de finale au tournoi WTA 1000 de Miami aux États-Unis, notre championne perdra dès son premier match, le 24 du même mois de mars 2024, face à la Russe Elina Avanesyan classée 65e en trois sets 1-6, 6-4 et 3-6.
Dernière déconvenue pour Ons Jabeur. Elle fut éliminée dès son premier match en avril par l’Américaine Danielle Collins (22e WTA), en trois sets 3-6, 6-1, 3-6 pour ses débuts au tournoi de Charleston (WTA 500) aux Etats-Unis où elle avait un titre à défendre.
Ironie du sort, elle avait remporté en 2023 le même tournoi de Charleston après sa victoire, en finale, face à la terrible Suissesse Belinda Bencic, en deux sets 7-6, 6-4.
Dégringolade
Or, dans le domaine du tennis, une contre-performance se paye cash : elle vient de perdre, lundi 8 avril 2024, trois places au classement de l’Association des joueuses de tennis (WTA) et se trouve à la 9e place avec 3 658 points alors qu’elle occupait jadis la 6e place avant avec 4 118 points.
Et si par malheur la série noire continuait, notre championne risquerait d’être éjectée du Top 10 mondial où trônent désormais la Polonaise Iga Świątek avec 10 835 points, suivie de la Biélorusse Aryna Sabalenka avec 8 045 points et de l’Américaine Coco Gauff avec 7 205 points. Pour elle, il est vital de se maintenir dans le Top 10 pour éviter de jouer le premier tour aux prochains tournois.
« Je ne suis qu’un être humain »
Alors, n’est-il pas légitime de parler d’un traumatisme psychologique consécutif à sa finale perdue en juillet 2023 contre Marketa Vondrousova en finale de Wimbledon, une désillusion d’autant plus cruelle que la Tunisienne avait déjà perdu ses deux premières finales de Grand Chelem l’an dernier ?
Ons Jabeur s’explique : « Le jour de la finale, en faisant ma routine avec Mélanie Maillard (sa préparatrice mentale, NDLR), je lui ai dit : Je suis trop stressée, je ne peux pas, c’est trop, peut-être que je peux dire que je faisais une crise de panique », a-t-elle témoigné plus tard dans un documentaire retraçant son parcours et nommé «This is Me».
Et de poursuivre : «Si je gagnais cette finale, je pourrais avoir un bébé tout de suite. Et ce rêve s’est évanoui. J’étais hanté par la peur. Après tout, je ne suis qu’un être humain ».
« Ce fut la perte la plus difficile de ma carrière, car émotionnellement, cela m’a détruit. Non seulement gagner Wimbledon, mais l’idée d’avoir un bébé a disparu avec le trophée de Wimbledon. Donc je pense que c’est ce qui nous a tués, Karim (son mari, NDLR) et moi, nous pleurions comme des bébés ». Poignant.
Des choix cruels
Au final, que la native de Ksar Helal ait désormais atteint le point culminant de sa carrière avec un blocage mental et un corps qui ne répond plus, est une vérité de La Palice. Ceci dit, à notre humble avis, il lui appartient à elle, et à elle seule, de prendre les choix stratégiques qui s’imposent. Comment ?
D’abord, en faisant un travail sur elle-même sur le plan mental, pourquoi pas à l’aide d’un vrai préparateur mental, pour éviter dorénavant les émotions négatives qui la font sortir littéralement du match quand elle perd un point facile ou lorsqu’elle commet une bourde.
Bref, il s’agit de l’aider à se débarrasser sur le terrain de sa habla typiquement tunisienne, issue de son tempérament méditerranéen explosif.
Ensuite, il est urgent et impératif de mettre en valeur son style original et unique, sa folie créatrice sur le terrain et son talent fou. Et ce en suivant l’exemple édifiant de l’Américaine Coco Gauff, laquelle, en panne de confiance, retrouva des couleurs en embauchant Patrick Mouratoglou, l’un des meilleurs coachs aux Etats-Unis et grimpa ainsi à la 3ème place du classement mondial.
Alors, qui empêcherait Ons Jabeur, elle en a les moyens, de recourir aux services d’un coach chevronné ; lequel détient l’expérience des grands tournois et des détails techniques qui font la différence aux moments décisifs d’une rencontre de haut niveau ?
Bien entendu, elle sera contrainte, le cœur lourd, de se séparer de son coach actuel, Issam Jellali, qui lui a tout donné et à qui nous avouons immense respect et profonde gratitude. C’est le prix cruel à payer si elle voulait passer à un autre palier supérieur : gagner un tournoi de Grand Chelem et réaliser ensuite son rêve légitime de devenir maman.
Un excellent exposé qui traduit bien la réalité…
Il faut qu’elle se decide à changer d’entraîneur. Amitié c’est une chose et le professionnalisme en est un autre. Donc l’actuel entraîneur peut rester un Ami de la famille mais professionnellement il ne peut plus donner. Il faut prendre la décision rapidement sinon c’est la chute libre.