Depuis quelques décennies, la capitale de l’Allemagne est considérée comme figure phare de la liberté artistique sur le plan européen et même à l’échelle mondiale. Cependant, il se révèle que le deux poids deux mesures y règne, avec les artistes propalestiniens qui se disent oppressés.
“L’art est libre ! Mais pas sans règles”, lit-on sur le site officiel de la ville de Berlin. Cette clause imposée par le Sénat de la capitale allemande, le 4 janvier 2024, implique entre autres tous les bénéficiaires de fonds publics – les institutions culturelles les premières, elles qui perçoivent pas moins de 947 millions par an – devaient s’engager dans la lutte contre l’antisémitisme.
La définition de ce mot fourre-tout depuis des décennies se base sur l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) : “L’appel au meurtre des Juifs, la diabolisation de l’État d’Israël, la comparaison de la politique israélienne avec les actions des nazis et le déni du droit du peuple juif à l’autodétermination”.
Cette clause a été annulée le 22 janvier suite à la pression de plusieurs artistes. Cela reste cependant insuffisant voire insignifiant. En effet, dans un article publié le 8 avril dans le New York Times par le critique d’art « Jason Farago », ce dernier a comparé l’état d’oppression régnant en Allemagne à celui de 1989. Bien que cette clause ait été annulée, ses dégâts ont été énormes sur les artistes. En effet, les clubs de la ville, recevant pour la plupart des aides de la ville ont dû apporter des modifications sur leur programmation. Le légendaire Berghain a même dû « remercier » DJ Arabian Panther, qui a affiché son soutien à la Palestine.
Toujours selon la même source, les responsables culturels gouvernementaux ont suggéré de conditionner le financement à l’alignement des artistes et institutions sur une position spécifique vis-à-vis du conflit.
La ville qui a réussi à s’imposer comme symbole de créativité et d’art est devenue anxiogène pour les artistes ayant choisi de dénoncer la barbarie d’Israël.
Pis, les annulations, les reports et les tensions ont touché tous les domaines de la culture, suscitant même des réactions hostiles vers les plus hautes instances, telles que la chancellerie. Cette année, le légendaire Festival international du film de Berlin a été le théâtre de retraits et de protestations, notamment après que plusieurs lauréats ont appelé à un cessez-le-feu à Gaza lors de la cérémonie de clôture…
Le Strike Germany, mouvement international d’artistes, avait déclaré lors de cette création en janvier :
“L’Allemagne a choisi de s’opposer à l’autodétermination du peuple palestinien au plus haut niveau de la justice internationale”, déplorent les militants en ligne, “c’est une insulte aux dizaines de milliers de personnes tuées à Gaza par Israël au cours des trois derniers mois seulement, ainsi qu’à ceux qui ont souffert des crimes insupportables commis par l’Allemagne elle-même lors des nombreux génocides qu’elle a perpétrés dans le monde et à l’intérieur de ses frontières”. Un communiqué toujours d’actualité. Ce mouvement est composé, entre autres, d’Annie Ernaux, Adam Broomberg, Meriam Bennani.