Selon le renseignement américain, la question n’est pas de savoir « si » l’Iran allait lancer une « attaque massive » contre Israël, son ennemi héréditaire, mais « quand » ?
Regain de tension entre Téhéran et Tel-Aviv. Le risque d’extension brutale au Proche-Orient du conflit armé qui oppose depuis plus de six mois le Hamas à l’Etat hébreu, est cette fois-ci bien réel. En effet, dans un article publié par la sérieuse agence de presse américaine Bloomberg, mercredi 10 avril, les renseignements américains prédisent une « attaque massive imminente » de l’Iran et de ses groupes alliés contre Israël. Le média américain évoque des frappes de drones ou de missiles « qui seraient potentiellement envoyés dans les prochains jours ».
A savoir que cette information a été confirmée mercredi par le président américain Joe Biden. Ainsi, celui-ci a déclaré lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche aux côtés du Premier ministre japonais Fumio Kishida que l’Iran « menace de lancer une attaque importante contre Israël ». Réaffirmant à l’occasion, une fois n’est pas coutume, son soutien « inébranlable » à l’Etat hébreu. « Nous ferons tout ce que nous pouvons pour protéger la sécurité d’Israël », a-t-il encore promis.
Une menace crédible
A noter que cette menace a été prise au sérieux aussi bien par l’Allemagne dont la compagnie aérienne allemande Lufthansa qui a annoncé mercredi avoir suspendu ses vols vers Téhéran « en raison de la situation au Moyen-Orient », que par les États-Unis qui ont annoncé hier jeudi 11 novembre restreindre les mouvements de leur personnel diplomatique en Israël « par souci de sécurité ».
«Par mesure de précaution, les employés de l’administration américaine et les membres de leur famille ne sont pas autorisés à voyager en dehors des zones de Tel Aviv, Jérusalem et Beersheva jusqu’à nouvel ordre». C’est ce qu’il résulte d’un avis diffusé par l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.
Autre signe du regain de tension dans cette zone sensible, le général Erik Kurilla, chef du Commandement central des États-Unis (Centcom) en charge du Moyen-Orient, est attendu en Israël pour « faire un point sur la situation » et devrait rencontrer le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant ainsi que des officiers de Tsahal. Ces derniers « se réparent à une attaque directe sans précédent depuis le sol iranien en utilisant des missiles balistiques, des drones et des missiles de croisière contre des cibles israéliennes. Ce à quoi Israël riposterait par une attaque directe contre l’Iran », affirme le porte-parole de l’armée israélienne.
Soutien « inébranlable » à Israël
Lors d’un entretien avec Yoav Gallant mercredi, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a « réitéré le soutien des États-Unis à la sécurité d’Israël ». De même qu’il a clairement indiqué que les États-Unis « se tiendraient aux côtés d’Israël contre toute menace de l’Iran et de ses mandataires », selon le porte-parole du département d’État.
Pour sa part, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, s’est entretenu hier jeudi avec son homologue israélien Yoav Gallant, qui lui a redit qu’une « attaque directe de l’Iran imposerait une réponse israélienne appropriée ».
Les deux hommes ont « discuté du niveau de préparation à une attaque iranienne contre l’Etat d’Israël », a déclaré le ministère israélien de la Défense dans un communiqué. « L’Etat d’Israël ne tolérera pas une attaque iranienne sur son territoire », a fait savoir Yoav Gallant à son homologue américain. De son côté, Lloyd Austin a réitéré le « soutien inébranlable des Etats-Unis à la défense d’Israël face aux menaces grandissantes de l’Iran » et des divers mouvements qui lui sont liés dans la région, selon un communiqué du Pentagone.
Pour sa part, un haut fonctionnaire israélien a en outre déclaré qu’Israël avait demandé aux États-Unis « s’ils pouvaient contribuer à limiter la réaction iranienne en envoyant des messages d’avertissement privés et publics aux Iraniens et en projetant leur force dans la région ». Ce dernier a ajouté que Tel-Aviv et Washington se coordonnent depuis quelques jours pour mettre en place « une défense aérienne et antimissile commune dans la région », en prévision d’une offensive de Téhéran.
Dans cette perspective, les ministres des Affaires étrangères saoudien, émirati, qatari et irakien se sont entretenus mercredi au téléphone avec leur homologue iranien après avoir reçu des appels de la Maison Blanche leur demandant de transmettre un message à Téhéran sur la nécessité d’une désescalade.
« Le régime sioniste sera puni »
Pour rappel, l’éventuelle riposte iranienne est consécutive à la frappe meurtrière, le 1er avril, contre le consulat iranien de Damas en Syrie. Le raid israélien a détruit le consulat et fait 16 morts dont sept membres du corps des Gardiens de la Révolution. L’un des principaux généraux de la Force al-Qods iranienne, Mohammad Reza Zahedi, est mort dans l’attaque. Le guide suprême, Ali Khamenei, a alors juré à plusieurs reprises que « le régime sioniste sera puni ».
En a-t-il les moyens? Selon des experts militaires indépendants, l’Iran disposerait d’un vaste arsenal de missiles de différentes portées- courte (300 kilomètres), moyenne (300-1 000) et longue (jusqu’à 2 000)- dont une importante proportion est produite ou assemblée localement grâce un secteur industriel et universitaire de haut niveau.