Le 1er avril, Israël s’attaque à l’Iran en bombardant son consulat à Damas, faisant 13 victimes, dont deux généraux iraniens. Il était clair pour tout le monde alors que le gouvernement extrémiste israélien, désespéré de n’avoir réalisé aucun de ses objectifs après six mois de déchainement hystérique contre la ville de Gaza et sa population, voulait élargir la guerre dans l’espoir d’impliquer l’armée américaine à ses côtés.
Le gouvernement iranien, plus que tout autre, était conscient du piège tendu par la provocation israélienne. La question fondamentale qui se posait à Téhéran était de résoudre la difficile équation : comment répondre à l’agression israélienne, sans entrer en guerre avec les Etats-Unis?
C’est la nécessité de répondre à cette question qui explique le retard de 13 jours qu’a pris la réaction iranienne qui a finalement eu lieu dans la nuit du 13 au 14 avril. Trois ou quatre jours plus tôt, le Financial Times, réputé pour ses sources dans les cercles du pouvoir occidentaux, publia un article qui a attiré beaucoup d’attention et suscité une floraison de commentaires.
Selon le Financial Times, « les Iraniens et les Américains étaient engagés dans d’intenses consultations, et Téhéran a briefé Washington des détails de son opération contre Israël. » D’un autre côté, l’Iran était engagé également dans d’intenses consultations avec ses alliés du BRICS, en particulier la Russie et la Chine. Le but clair de ces contacts intensifs menés pendant plusieurs jours avant la riposte iranienne était de mettre en place une stratégie qui permettrait à l’Iran de sauver la face sans provoquer un élargissement de la guerre au Moyen-Orient que tout le monde redoute sauf Israël.
Le déroulement de la riposte iranienne et sa nature confirment, si besoin est, les informations du Financial Times. En d’autres termes, l’Iran a informé d’avance les Américains de l’heure et des moyens (drones et fusées) de l’attaque à charge pour Washington de ne pas intervenir et d’user de son influence pour calmer les choses après la riposte.
Dans l’intervalle, les alliés occidentaux d’Israël (Etats-Unis, Grande Bretagne, France et Allemagne) ont eu largement le temps de mettre en place les défenses anti-aériennes pour intercepter les centaines de drones et de missiles que l’Iran avait lancés dans la nuit du 13 au 14 avril.
L’attaque terminée, on a eu droit, comme prévu du reste, à deux versions des résultats de la première attaque iranienne de l’histoire contre le territoire israélien. Pour Israël, la riposte iranienne était pratiquement un coup d’épée dans l’eau, puisque « 99 % des drones et des missiles ont été interceptés avant même d‘arriver en Israël ». Selon cette version israélienne, un ou deux missiles ont réussi à arriver en Israël et à « endommager légèrement un aéroport militaire dans le sud du pays ».
La version iranienne est évidemment différente. Selon Téhéran, « la riposte était une réussite. Elle a détruit les aéroports de Nevatim et Ramon desquels décollent les avions militaires israéliens dans leurs missions d’attaques contre les intérêts iraniens. »
Que conclure du dénouement de cet imbroglio israélo-iranien?
- L’Iran a réussi à sauver la face en évitant d’entrer en guerre avec les Etats-Unis et en épargnant à un Moyen-Orient au bord du désastre un embrasement catastrophique.
- Washington a réussi à minimiser les dégâts pour son allié et à éviter une nouvelle guerre dans laquelle Netanyahu tente désespérément de l’entrainer.
- Loin d’avoir endommagé Israël, la riposte iranienne a eu plutôt un effet positif puisqu’elle l’a aidé à retrouver le soutien et la solidarité de l’Occident global et à revenir du statut de paria à celui de « victime ».
- La riposte a mis en lumière la honteuse attitude du Conseil de sécurité qui n’avait pas jugé utile de se réunir pour condamner Israël après son agression contre le consulat iranien à Damas, mais s’est empressé de se réunir de toute urgence pour condamner le droit de l’Iran à se défendre.
- Enfin, la riposte iranienne a, si besoin est, mis en relief la misère morale dans laquelle continue de patauger l’Occident dont on ne peut plus écouter les réactions de ses dirigeants ou lire ses médias de service sans être pris de nausée.