Et si les quelque 300 drones et missiles lancés par l’Iran contre Israël dans la nuit de samedi à dimanche n’étaient qu’une grossière mise en scène destinée à sauver la face des mollahs? Alors que les Américains auraient été au parfum de l’heure à laquelle les drones partaient et allaient arriver sur le territoire israélien pour mieux les intercepter. Analyse.
Que savons-nous au juste de l’attaque menée par l’Iran dans la nuit de samedi 13 à dimanche 14 avril contre le territoire israélien?
En vérité très peu de choses, excepté ce que les belligérants ont bien voulu nous montrer : à savoir des étoiles filantes et des boules lumineuses dans un ciel noir, tel un jeu idéo pour ados. Avec cette étrange impression qu’il s’agit plutôt d’une mise en scène savamment orchestrée.
Sinon par quel miracle cette attaque massive de 300 missiles et drones sur le territoire israélien n’aurait infligé de sérieuses pertes humaines. A l’exception d’une bédouine de sept ans légèrement blessée dont il s’est avéré, ironie du sort, qu’elle était « d’origine arabe »?
Et puis, est-il habituel dans les manuels militaires qu’une attaque soit calibrée et annoncée d’avance? Que l’on sache au préalable à quelle heure les drones partaient et à quelle heure ils allaient arriver? Et qu’enfin, l’attaque ne dure que quelques heures. «L’affaire est close », annonçait dimanche matin, à la surprise générale, la mission iranienne auprès de l’ONU.
Tout le monde est gagnant!
Ainsi, au terme de cette attaque éclair, le régime des mollahs pouvait annoncer au monde entier et surtout à son opinion publique qu’il lavait l’affront du raid israélien contre son consulat de Damas, le 1ᵉʳ avril. Sachant que l’attaque avait notamment provoqué la mort de sept Gardiens de la révolution, l’arme idéologique de l’Iran, dont le général Mohammad Reza Zahedi, commandant de la force Al-Qods iranienne pour la Syrie et le Liban.
Ainsi, en détruisant les aéroports de Nevatim et Ramon desquels décollent les avions militaires israéliens dans leurs missions d’attaques contre les intérêts iraniens, l’Iran a réussi à sauver la face. Et ce, en évitant d’entrer directement en guerre contre les Etats-Unis.
Pour sa part, Israël peut bomber le torse en ayant démontré sa supériorité militaire. Ainsi que sa capacité à mettre en échec cette attaque aérienne. Puisque, selon sa propre version, « 99 % des drones et des missiles ont été interceptés avant même d‘arriver en Israël ».
Enfin, Washington a réussi à minimiser les dégâts pour son allié historique. De même qu’il est arrivé à éviter une nouvelle guerre dans laquelle l’infréquentable Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, tente par tous les moyens de l’impliquer, dans cette aventure susceptible d’embraser l’ensemble du Moyen-Orient.
En effet, le régime iranien était placé devant un vrai dilemme : comment répondre à la provocation délibérée de Tel-Aviv sans pour autant entrer de facto en confrontation directe avec les Etats-Unis?
Curieusement, c’est le très sérieux Financial Times qui lève une partie du voile sur ces zones d’ombre.
Les Américains au courant?
Ainsi, le média britannique révèle qu’en janvier 2024, les Etats-Unis ont tenu dans le secret des négociations indirectes avec l’Iran, lors d’une réunion à Oman. La délégation américaine emmenée par Brett McGurk, conseiller de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, avait pour objectif de convaincre les Iraniens d’user de leur influence pour mettre un terme aux attaques houthies contre les navires commerciaux occidentaux en mer Rouge. Les dernières négociations du genre, par l’intermédiaire du Qatar, s’étaient conclues en septembre dernier par un échange de prisonniers et le lancement du processus de dégel de 6 milliards de dollars de fonds iraniens.
Rebelote. Toujours selon un récent article publié par le Financial Times avant même l’attaque contre Israël le 1er avril, « les Iraniens et les Américains étaient engagés dans d’intenses consultations. Et Téhéran a briefé Washington des détails de son opération contre Israël ». D’un autre côté, l’Iran était engagé également dans d’intenses consultations avec ses alliés du BRICS, en particulier la Russie et la Chine, « le but clair de ces contacts intensifs menés pendant plusieurs jours avant la riposte iranienne était de mettre en place une stratégie qui permettrait à l’Iran de sauver la face, sans provoquer un élargissement de la guerre au Moyen-Orient que tout le monde redoute sauf Israël ».
En clair, précise le Financial Times, les Américains étaient informés par l’Iran de l’heure et des moyens utilisés (drones et fusées) de l’attaque. Et ce, de manière à donner aux alliés occidentaux d’Israël le temps de mettre en place les défenses anti-aériennes pour intercepter les centaines de drones et de missiles que l’Iran avait lancés dans la nuit du 13 au 14 avril. En contrepartie, Washington s’engageait à user de son influence pour calmer le jeu avec Israël pour que sa probable riposte soit « graduée ».
Calmer le jeu
La preuve? Le président américain Joe Biden a déclaré hier lundi 15 avril vouloir éviter un embrasement au Moyen-Orient après l’attaque sans précédent de l’Iran contre Israël. « Ensemble avec nos partenaires, nous avons vaincu cette attaque », s’est-il écrié. Tout en disant œuvrer « en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza qui ramènera les otages à la maison et empêchera le conflit de s’étendre plus qu’il ne l’est déjà ».
De plus, dans une conversation téléphonique avec son homologue israélien, Biden lui aurait intimé de ne pas mener de contre-attaque directe contre l’Iran, selon plusieurs médias américains. Au regard de la quasi-totalité des tirs neutralisés sans impact majeur, « vous tenez une victoire. Prenez la victoire », aurait lancé le président américain à Nétanyahu, selon les révélations du site américain Axios.
Mais, le Premier ministre israélien aura-t-il la sagesse de ne pas déclencher un cycle mortifère de représailles? Connaissant l’homme réputé pour sa soif légendaire de sang, le sens de la retenue et de la mesure ne figure pas dans son ADN.