L’envoyé spécial de l’ONU à Tripoli, Abdoulaye Bathily, a annoncé, dans la soirée de mardi 16 avril 2024, sa démission, estimant que les Nations unies « ne peuvent pas avancer avec succès » en faveur d’un processus politique face à des « responsables » qu’il a décrit comme mettant « leurs intérêts personnels au-dessus des intérêts du pays ».
Les déclarations du diplomate sénégalais aux journalistes interviennent à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité, au cours de laquelle il a dressé un sombre tableau de la situation en Libye, en proie à une guerre civile depuis 2011.
Il a déclaré : « J’ai présenté ma démission au Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres ».
M. Bathily a souligné que la mission de l’ONU en Libye « a déployé de nombreux efforts au cours des 18 derniers mois sous ma direction »,. Mais que « ces derniers mois, la situation s’est détériorée ». Il dénonce « l’absence de volonté politique et de bonne foi de la part des dirigeants libyens qui sont satisfaits de l’impasse actuelle ».
« C’est très triste, car la plupart des Libyens veulent aujourd’hui sortir de ce chaos », a ajouté le diplomate onusien. « Dans ces circonstances, les Nations unies n’ont aucun moyen d’agir avec succès », poursuit-il. D’ailleurs, il estime qu’« il n’y a pas de place pour une solution politique ».
Et M. Bathily d’ajouter : « La détermination égoïste des dirigeants actuels à maintenir le statu quo par des manœuvres et des stratagèmes dans le but de faire gagner du temps aux dépens du peuple libyen doit cesser ».
Dans la foulée et lors de la réunion du Conseil de sécurité, il a été annoncé que la conférence de réconciliation nationale libyenne prévue le 28 avril était reportée sine die…
Le responsable démissionnaire de l’ONU a déclaré que les derniers mois ont été témoins d’une détérioration de la situation en Libye. En raison de deux facteurs principaux, le premier est « le manque de volonté politique et de bonne foi de la part des principaux acteurs libyens ». Le deuxième facteur, selon M. Bathily, est « l’émergence de dynamiques internationales et régionales ».
A cet égard, notons que la Libye est plongée dans le chaos politique et sécuritaire depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Le pays, en proie à des violences et à de vives divisions, est gouverné par deux gouvernements concurrents, l’un à Tripoli (ouest) dirigé par Abdul Hamid Al-Dbaiba, élu au Parlement, et l’autre à l’est soutenu par la Chambre des représentants libyenne.
Abdoulaye Bathily a été nommé Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Libye en septembre 2022, après que le poste soit resté vacant pendant des mois suite à la démission surprise de son prédécesseur, Jan Kubis, en novembre 2021.