Celui qui devine, avant de lire la suite, ce que représente ce chiffre aura droit à un an d’abonnement du magazine L’Economiste maghrébin.
Qui? Allez, un peu d’effort ! Non personne? Tentez encore. Dommage! Oui je vous l’accorde, la réponse n’était pas évidente et même inimaginable.
Tenez-vous bien, c’est le nombre de « défaites électorales » d’un Indien qui, selon nos confrères de 20minutes, « prépare, heureux, son prochain échec ». Le 239ème, sans rancune, SVP! On appellerait cela avoir un grand souffle, reconnaissons-le, ou plutôt de « big loser » selon les Anglo-saxons.
Et si tout le monde pouvait se comporter ainsi – après un échec -, nous pensons que tout irait pour le mieux, en tout cas serait moins stressant.
En effet, K. Padmarajan, c’est de lui dont il s’agit, est un Indien âgé de 65 ans, réparateur de pneus de son état. Il prépare sa campagne avec la certitude de « perdre ENCORE aux prochaines élections législatives de la plus grande démocratie du monde, qui débuteront le 19 avril 2024 pour six semaines ».
Pour rappel, c’est en 1988 que notre ami se présenta à des élections pour la première fois comme candidat indépendant à Mettur, sa ville natale, située dans l’Etat du Tamil Nadu (sud).
Mais aussi paradoxal que cela puis paraître, il déclare : « Tous les candidats cherchent la victoire, pas moi ». D’ailleurs, les gens auraient ri quand il s’est jeté dans la bataille pour la première fois, étant donné qu’il n’avait aucune chance d’être élu parce « sans allégeance à un quelconque parti ». Mais lui son objectif était autre qu’être élu : « Prouver qu’un homme ordinaire pouvait se lancer en politique ».
Tiens, cela vous rappelle-t-il quelqu’un? Si quand même, nous sommes à moins de 100 jours des JO. Non, pas vraiment? Un certain Pierre Coubertin et son fameux « l’important c’est de participer ».
Faisant donc sien ce slogan du Français, père des Jeux olympiques, K. Padmarajan considère que « la victoire, c’est secondaire ». Qu’à cela ne tienne, « à l’heure de la défaite inéluctable, il persiste à dire qu’il est heureux de perdre ».
Toutefois, pour ces législatives de 2024, il ne semble pas si pessimiste que cela. Il aurait choisi de briguer un siège de député dans le district de Dharmapuri, au Tamil Nadu, selon notre source.
« Surnommé le “Roi des élections“, il a tenté sa chance, de l’élection présidentielle aux scrutins locaux partout dans le pays. Il a perdu face à plusieurs Premiers ministres dont Narendra Modi, Atal Bihar Vajpayee et Manmohan Singh. Il a aussi été battu par le candidat du Congrès, Rahul Gandhi ».
En un peu plus de trois décennies, il aurait dépensé plusieurs milliers de dollars. Et rien que pour l’actuelle élection législative, il a fait un dépôt de 300 dollars – l’équivalent de 25 000 roupies indiennes. Et si par hasard il récoltait 16 % des voix, bien évidemment on lui rembourserait les 300 (derniers) dollars.
Cependant, tout n’est pas perdu pour K. Padmarajan. En effet, il est parvenu à décrocher le titre de « candidat indien le plus malchanceux battu en Inde » homologué par le livre Limca des Records. « Sa meilleure performance remonte aux législatives de Mettur en 2011, où il avait remporté 6 237 voix. Le vainqueur, lui, en avait obtenu plus de 75 000 ».
Zen, notre perpétuel « loser » raconte : « Je m’attendais à n’en remporter aucune, cela prouve que des gens m’acceptent ». Et pour ne gâcher à sa « joie » de perdant, M. Padmarajan est souvent invité à parler de résilience devant des étudiants, s’exprimant sur la manière de vivre la défaite. « Je ne pense pas à gagner. L’échec, c’est mieux », souligne-t-il, à la manière cette fois de Samuel Beckett et sa célèbre formule « rater encore, rater mieux ». « Dans un tel état d’esprit, il n’y a pas de stress », dit le candidat.
On imagine un drame si d’aventure il arrivait à remporter une victoire! Lui-même n’hésite pas à dire : « J’aurais une crise cardiaque ». Que Dieu le préserve!