Les femmes à mobilité réduite sont encore plus fréquemment victimes de toute sorte de violence, aussi bien dans la sphère publique que privée. Elles sont moins dépistées. Ce qui constitue une « triple peine » selon une partie des experts. C’est ce qui ressort d’un atelier de formation sur le traitement médiatique des femmes en situation de handicap survivantes de violences basées sur le genre, organisé par le Cawtar (Centre de la Femme Arabe pour la Formation et la Recherche), en partenariat avec le Fonds des Nations unies les 20 et 21 avril 2024 à Tunis.
Lobna Najjar, rédactrice en chef de Cawtar, met en lumière l’approche de l’organisation visant à outiller les institutions sur le traitement de ces violences. Elle souligne dans ce contexte que l’augmentation du taux de violence durant le confinement a été constatée, déclarant: “On ne peut pas changer la réalité sans remettre en question des aspects scientifiques, mais il est vrai qu’on essaie de briser le tabou et d’agir en parlant.”
Tout comme elle insiste sur l’importance du traitement médiatique des journalistes vis-à-vis de la lutte contre les violences faites aux femmes en situation de handicap survivantes, dans le cadre d’un projet visant à rendre l’invisible visible.
Les femmes en situation de handicap, l’état des lieux !
Peu documentée, cette réalité n’est pourtant pas rare : les femmes en situation de handicap seraient deux fois plus à risque d’être victimes d’actes violents.
De plus, Bassam Mostapha Aicha, expert international des droits de l’Homme, met en avant les définitions universelles des personnes en situation de handicap. Il souligne l’importance de comprendre les termes et leurs significations, ainsi que la philosophie entourant le handicap, les valeurs historiques, et ainsi de suite, pour une compréhension approfondie de la question.
Il rappelle que la Tunisie a été pionnière, se distinguant dès 2010. Il affirme que le véritable problème réside dans la société et l’environnement qui entourent les personnes en situation de handicap, notamment les obstacles, les infrastructures et les transports.
Garantir l’égalité des chances entre les personnes en situation de handicap
Il souligne que la personne à mobilité réduite n’est pas le problème et que tous les citoyens ont les mêmes droits et devoirs, avec l’accessibilité comme obligation. Par exemple, les fauteuils roulants devraient être gratuits. Il appelle à la fin des obstacles en mettant en place des mesures et des logistiques, comme stipulé dans l’article 9 de la loi directive numéro 83 de l’année 2005, datée du 15 août 2005, relative à la promotion et à la protection des personnes handicapées, modifiée par la loi numéro 41 de l’année 2016, datée du 16 mai 2016.
Cette loi vise à garantir l’égalité des chances entre les personnes en situation de handicap et les autres personnes, ainsi que leur promotion et leur protection contre toute forme de discrimination.
Est considéré comme discrimination toute disposition ou action entraînant l’exclusion ou limitant les chances, ou causant un préjudice aux personnes en situation de handicap.
Ne sont pas considérées comme discrimination les mesures incitatives visant à garantir une égalité effective des chances et un traitement égal entre les personnes en situation de handicap et les autres personnes.
Bassam Mostapha Aicha souligne également qu’il est de la responsabilité nationale de prévenir le handicap, de les protéger contre l’exploitation économique, d’assurer des services de santé et sociaux pour elles, de leur fournir une éducation, une formation et un apprentissage professionnels, de les permettre de travailler et de s’intégrer dans la vie publique, d’assurer des conditions de vie dignes pour elles et de promouvoir leur développement.
Il insiste sur l’importance d’intégrer des axes relatifs au handicap et aux spécificités des personnes en situation de handicap, ainsi que leurs exigences d’intégration, dans les programmes d’éducation et de formation dans les filières et spécialités universitaires et professionnelles.
Il souligne également qu’il est de la responsabilité nationale destiné à prévenir le handicap, à réduire ses complications et ses effets, et encourager les études et les recherches sur le handicap et ses causes, et réglementant les programmes et les mécanismes visant à les réduire.
Aujourd’hui, les efforts des familles, de l’État, des établissements publics, des institutions privées, des organisations nationales, des associations sont nécessaires.
En somme, tout cela nous amène à dire que les femmes en situation de handicap courent deux fois plus de risques de subir des violences domestiques que les autres femmes. Être femme et à mobilité réduite signifie trop souvent être doublement discriminée. Ainsi il y va de notre responsabilité d’agir pour mettre fin à cette injustice.