Les profondes transformations affectant la politique, l’économie, la culture et les niveaux de vie ont eu des répercussions diverses en Tunisie. Elles ont engendré des effets de tailles et de natures différentes, qui continuent de façonner les domaines politiques, économiques et sociaux. C’est ce qu’il ressort en grande partie du colloque scientifique organisé à Tunis par la “Coalition Awfia pour la démocratie et la transparence des élections” qui a mis en lumière l’ampleur d’une crise généralisée touchant les médias, les réseaux sociaux et la sphère politique en ligne; ainsi que son impact sur la coexistence démocratique.
Les intervenants ont unanimement souligné la gravité de la situation, mettant en avant une crise multidimensionnelle exacerbée par un manque de professionnalisme dans la couverture médiatique, ainsi qu’une tendance à l’instrumentalisation des médias. Le décret-loi n°54 a été pointé du doigt comme un facteur aggravant, entraînant une autocensure parmi les journalistes et les citoyens sur les réseaux sociaux.
Il en va de même quant au recours à un langage violent par les acteurs politiques qui a été décrit comme une tendance croissante, devenant même un outil d’analyse et d’interaction politique. Cette violence verbale ne se limite pas aux médias; mais elle s’étend à toutes les plateformes et supports en ligne, représentant ainsi un risque pour la cohésion sociale et la démocratie.
Une étude menée par la coalition a révélé que l’utilisation de termes violents sur Internet est répandue chez une large tranche d’âge, indiquant qu’il s’agit d’un phénomène enraciné résultant de décennies de politiques limitant la communication et la sensibilisation dès le plus jeune âge. Cette situation entrave la formation d’une génération respectueuse des différences et apte à un débat pacifique.
De son côté, Brahim Zoghlami, directeur de programme au sein de la coalition, a affirmé que la crise actuelle, notamment observée dans la couverture médiatique des élections locales, est le résultat d’un manque de professionnalisme et d’une tendance à l’instrumentalisation des médias. Il a également pointé du doigt le décret-loi n°54, qu’il qualifie de « catastrophique » pour les médias et la liberté d’expression. Selon lui, ce décret-loi a poussé les journalistes et les citoyens en général à s’autocensurer, en particulier sur les réseaux sociaux.
En somme, le colloque a mis en lumière l’urgence de trouver des solutions pour contrer cette crise qui menace la coexistence démocratique. Notamment en renforçant le professionnalisme des médias, en luttant contre l’instrumentalisation politique, et en promouvant un discours public respectueux et constructif.
Par ailleurs, au delà des transformations marquantes soulevées lors du colloque international, on compte celles qui ont touché la Constitution, le système de gouvernance, la gestion des institutions politiques, financières et judiciaires. Ces changements ont généré de nouvelles dynamiques politiques en ce qui concerne la gestion des affaires publiques, l’organisation de la vie politique partisane et civique, ainsi que la répartition des pouvoirs et la participation à l’élaboration des politiques publiques.
Ces dynamiques ont redéfini les relations entre gouvernants et gouvernés, la compétition politique entre les partis et factions, ainsi que la détermination des enjeux politiques. Elles ont également donné naissance à une culture politique caractérisée par une défiance envers les institutions politiques et une propagation d’une image négative, entraînant une perte de confiance du public envers les élites politiques, les partis politiques, ainsi qu’une méfiance envers les médias et les réseaux sociaux.