Les choses iront-elles pour le meilleur ou pour le pire? Dans la déclaration finale des dirigeants de la Tunisie, de l’Algérie et de la Libye, ces derniers ont exprimé leur engagement envers la coordination des points de vue sur les questions d’intérêt commun. Mais ils ont aussi souligné la nécessité d’unifier leurs positions pour renforcer les fondements de la sécurité, de la stabilité et du développement dans toute la région.
Cette déclaration met en avant leur engagement en faveur d’une consultation et d’une coordination renforcées. Et ce, pour soutenir les bases de la sécurité, de la stabilité et du développement régional. Mais la question essentielle est de savoir quel sera l’après sommet et son impact au niveau régional. Est-ce un bon usage de se réunir aujourd’hui sans le Maroc et la Mauritanie?
Elyes Kasri, ancien ambassadeur de la Tunisie, analyse cette situation dans un post Fb. Il déclare que certains pays expliquent leur unité de destin, dans un slogan sonnant et séduisant; malgré des fondements fragiles. Puisqu’ils ont montré leurs limites et leurs défauts à surmonter les spécificités historiques, culturelles et sociales des peuples et à réaliser leurs ambitions économiques et politiques.
Quand l’appel à l’unité de destin se heurte à l’unité politique!
Et notre analyste de préciser : « Dans l’histoire moderne des peuples arabes, l’appel à l’unité de destin, et derrière celle-ci l’unité politique, a poussé dans la plupart des cas à échapper aux défauts et aux échecs intérieurs en les floutant et en courant derrière le mirage de la gloire et de la fierté en reconquérant l’âge d’or qui mérite son histoire à contrôler scientifiquement loin des émotions et des mythes pour prouver ce qui est réel et fantasme. Cependant, il reste sage de garder à l’esprit qu’il n’y a pas de pourboire ni de charité dans les relations internationales. Tout est un don ou un soutien en retour pour longtemps ou un palais. Et le sage est celui qui détermine le prix à l’avance et assure sa capacité à accomplir le devoir de salut quand c’est nécessaire. »
Il ajoute : « A part les nombreuses interrogations sur les dessous et l’opportunité de la réunion tripartite tuniso-algéro-libyenne, censée poser les jalons futurs d’une plus grande concertation et coordination multisectorielle entre les trois pays voisins, palliant ainsi la paralysie de l’Union du Maghreb Arabe, se pose la question lancinante de la légitimité et la durabilité de cette initiative dont deux auteurs (Tunisie-Algérie) sont en fin de mandat et le troisième (Libye) est pratiquement un figurant car dépourvu de légitimité et de pouvoir. »
L’ancien diplomate poursuit : « D’autre part, cette réunion semble avoir scellé le sort de l’Union du Maghreb Arabe dont il faudrait logiquement prononcer la dissolution et acter la liquidation de ses institutions. Et ce, afin d’éviter toute redondance et le paiement de contributions et de salaires superflus. Surtout pour une Tunisie qui a de la peine à joindre les deux bouts. »
D’ailleurs, l’initiative tripartite a été critiquée pour avoir exclu le Maroc et la Mauritanie, qui sont également membres de l’UMA depuis sa création en 1989. Notamment par les médias marocains qui ont accusé Alger de tenter de former une nouvelle alliance régionale sans Rabat. Tout en affirmant que cette décision reflète le déclin de l’influence d’Alger sur le front régional ou continental.
Pourtant, le groupe de cinq membres de l’UMA a fait face à plusieurs revers au fil des ans, notamment un désaccord politique et diplomatique entre l’Algérie et le Maroc qui aboutissait au boycott des négociations de haut niveau depuis 2008.
Les relations entre le Maroc et l’Algérie demeurent tendues
Les relations entre le Maroc et l’Algérie demeurent tendues en raison du soutien de cette dernière à l’indépendance du Sahara occidental, qui, selon Rabat, fait partie du territoire marocain.
Entre-temps, Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en 2021 pour « actions hostiles ». Et ce, suite à la normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Le pays a également accusé des groupes terroristes prétendument soutenus par le Maroc et Israël d’avoir déclenché des incendies de forêt dévastateurs qui ont tué des dizaines de personnes en Algérie cette année-là.
Plus encore, la diplomatie tunisienne, qui a toujours joué la carte de la neutralité, semble avoir pris une autre tournure dont on ignore où cela va mener.