Le procès historique à New York qui va désormais aborder les accusations contre Donald Trump, risque de lever un coin du voile sur les intrigues et manigances ayant entiché sa conquête de la Maison Blanche en 2016.
Sexe, mensonges, adultère, versement d’une somme rondelette à une ancienne star de films x pour acheter son silence en maquillant l’argent sous forme de frais juridiques, financement illégal de la campagne de 2016. Tous les ingrédients sont rassemblés pour faire du procès pénal de Donald Trump « le procès le plus sensationnel probablement de l’Histoire américaine », selon l’expression de l’ancien procureur new-yorkais et professeur de droit à l’université Pace de New York, Bennett Gershman.
Ainsi, s’est ouvert lundi 22 avril à New York, la première des quatre procédures pénales engagées contre l’ancien président américain officiellement accusé de financement illicite lors de la campagne présidentielle de 2016.
Casseroles judiciaires
Ce procès pénal, sans précédent dans l’histoire politique américaine, le tout premier intenté contre un ancien président, devait avoir lieu après l’autre procès pénal, beaucoup plus grave, sur ses actions pour inverser le résultat de la présidentielle de 2020 et qui devait s’engager début mars dernier à Washington. Mais ses avocats ont réussi à repousser sine die la date de ce procès. Ainsi, par des manœuvres dilatoires, son équipe de défense a pu rapprocher le calendrier judiciaire de l’ex-président de l’élection présidentielle qui aura lieu le 5 novembre prochain.
Mais les déboires juridiques du républicain ne s’arrêtent pas là puisqu’il reste sous le couperet de deux autres procès : l’un pour avoir conservé des documents classifiés après son départ de la Maison-Blanche, menaçant ainsi la sécurité nationale. L’autre, en Géorgie, pour avoir demandé à un officiel de « trouver » 12 000 votes fin 2020 pour inverser le résultat dans cet Etat remporté par Joe Biden.
Au cours de ce procès retentissant, les jurés ont eu droit à deux versions aux antipodes : l’une évoque une conspiration criminelle, l’autre proclame son innocence dans un procès « inutile ».
« C’est un être humain »
« C’est un homme. C’est un mari. C’est un père. C’est une personne comme vous et comme moi. Le président Trump est innocent. Le président Trump n’a commis aucun crime ». Ainsi, plaidait d’emblée le principal avocat de l’accusé dans cette affaire, Todd Blanche. Ajoutant que son client s’est défendu dans l’affaire de l’actrice porno « pour protéger sa famille, sa réputation et sa marque. Ce n’est pas un crime ».
La défense a également présenté les allégations de Stormy Daniels, l’actrice de films x à l’origine de l’affaire, « comme une tentative sinistre d’embarrasser Donald Trump et sa famille. Les ententes de non-divulgation comme celle qui a été signée dans cette affaire ne sont pas illégales », a-t-il argué.
« De la fraude électorale, purement et simplement »
Coté accusation, les procureurs au procès pénal de Donald Trump à New York ont placé l’ex-président américain « au centre d’un complot visant à dissimuler d’autres crimes afin de favoriser son élection en 2016 ».
Ainsi, selon le procureur Matthew Colangelo Donald Trump a « orchestré un plan criminel pour corrompre l’élection présidentielle de 2016. Ensuite, il a « dissimulé cette conspiration criminelle et a menti dans ses registres commerciaux new-yorkais ». Et ce, pour dissimuler un paiement réalisé par son avocat personnel et destiné à « faire taire » l’actrice pornographique Stormy Daniels. Laquelle allègue avoir eu une relation sexuelle avec Donald Trump en 2006.
Et de conclure : « C’était de la fraude électorale, purement et simplement. Les allégations seront soutenues par plusieurs témoignages accablants ainsi que par une vaste série de documents, tels que des relevés bancaires et téléphoniques, des courriels, des textos de même que des dossiers d’entreprise ».
Verdict incertain
A sa sortie du tribunal, l’ex-président a d’ailleurs renouvelé dans une longue tirade ses récriminations à l’endroit du procès, dénonçant « une chasse aux sorcières de Joe Biden pour l’empêcher de faire campagne ».
Rappelons enfin que selon la législation américaine, le verdict issu de ce procès qui devrait durer six semaines, selon les estimations préliminaires, devra être rendu à l’unanimité, qu’il s’agisse d’un verdict de culpabilité ou d’un acquittement. Mais le candidat à l’investiture républicaine peut aussi espérer un autre scénario qui lui éviterait d’être condamné : un jury incapable de s’entendre. Ainsi, Il suffirait qu’un seul juré estime Donald Trump innocent pour que le juge soit contraint à décréter un procès nul.
Autre scénario : si le candidat républicain était élu, il pourrait ordonner l’arrêt des poursuites fédérales contre sa propre personne. Et ce, d’autant plus que la Cour suprême, la plus haute juridiction aux Etats-Unis, a accepté d’examiner au préalable la question de l’immunité présidentielle revendiquée par Donald Trump.