La Tunisie participe actuellement à la quatrième session du comité intergouvernemental de négociation (CIN) chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution par les matières plastiques, y compris dans le milieu marin (CIN-4), qui se déroule du 23 au 29 avril 2024, dans la capitale canadienne, Ottawa, à l’initiative du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
La Tunisie est représentée par le ministère de l’environnement, à travers son point focal national pour les négociations du traité international contre la pollution plastique, qui a présenté la « Déclaration de la Tunisie » sur le « premier draft » de l’instrument international juridiquement contraignant sur le plastique, y compris dans le milieu marin.
La Tunisie a insisté dans cette déclaration sur l’importance d’adopter une approche globale qui prend en considération tout le cycle de vie du plastique, (de la production de polymères et produits répertoriés, jusqu’à à la gestion de produits et déchets en plastique).
La pollution plastique constitue une grande menace pour tous les systèmes environnementaux, la santé de l’homme, la stabilité sociale économique, ainsi que le changement climatique, étant donné l’emprunte carbone issue de cette pollution, tout au long de cycle de vie du plastique.
« La représentation des pays arabes dans les négociations Ottawa sur la lutte contre la pollution plastique est faible, en dépit des niveaux élevés de la pollution plastique, notamment maritime et côtière dans la région du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord, ce qui constitue une grande menace pour l’économie bleue dans la région.
En outre, aucun groupe arabe représentant ces Etats n’est présent, ce qui prive les pays arabes de plusieurs choses », a déclaré à TAP la chercheuse tunisienne et activiste dans le Réseau international pour l’élimination des polluants, Samia Gharbi
Gharbi a souligné l’absence d’un groupe arabe qui négocie de manière unifiée et examine les dispositions des négociations, contrairement aux groupe africain et asiatique ainsi que du groupe de l’UE et autres, et ce en dépit des négociations en cours et de la présence et de suivi des délégations des pays arabes qui font chacune cavalier seul.
L’absence d’un groupe arabe dans les négociations est remarquable, selon la chercheuse, d’autant plus que la région, dont l’économie bleue constitue un moteur principal de la croissance économique, a intérêt à réduire son emprunte plastique et carbone, qui est la plus élevée.
Plus de 6 kilogrammes des déchets plastiques produits par individu sont jetés dans l’océan dans cette région chaque année, selon les données de la Banque mondiale (BM) et du Fonds mondial pour la nature (WWF).
Chaque année, les déchets plastiques coûtent aux pays de la région du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord près de 0,8 % de son Produit intérieur brut (PIB), en dépit des efforts de sensibilisation quant à l’importance d’améliorer les méthodes de gestion des déchets plastiques et de lutter contre la pollution plastique.
Cette perte est mesurée par rapport à son impact sur le tourisme, la pêche, le trafic maritime et la vie des personnes.
Selon le bulletin des Nations Unies sur les négociations, un groupe des pays a plaidé pour un consensus international permettant de déterminer une liste des produits à restreindre, ou des mesures pour une réduction et d’élimination progressive du plastique, d’autant plus que la position des pays producteurs de pétrole et des dérivés du plastique s’oppose encore à une restriction globale.
Lors de leurs discussions sur le commerce des produits chimiques, des polymères et des produits répertoriés, les délégués ont débattu de la meilleure façon de mettre en œuvre des règles mondiales harmonisées interdisant l’exportation et l’importation de produits chimiques, de polymères et de microplastiques contrôlés par le futur instrument.
En ce qui concerne les finances, ils ont examiné une disposition appelant à l’imposition d’une redevance mondiale sur la pollution par les plastiques, ciblant notamment les pollueurs en plastique brut.
« Bien qu’une redevance puisse sembler être un ajout bienvenu et innovant à un traité visant à réduire la pollution plastique, ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Une telle redevance pourrait augmenter le coût de production de produits en plastique importants, ce qui serait probablement répercuté sur le consommateur, et les effets d’entraînement pourraient créer de nouvelles inégalités socio-économiques entre ceux qui peuvent se permettre d’acheter ces produits et ceux qui ne le peuvent pas. « Rien n’est simple » », a déclaré un délégué, qui s’oppose catégoriquement à toute redevance sur la pollution par les matières plastiques, cité par le Earth négociations Bulletin.
Des groupes de pays ont appelé à prendre des mesures aux niveaux nationaux, indiquant qu’il demeure difficile de parvenir à un consensus international sur l’interdiction, tant que des divergences concernant les concepts et les identifications des produits en plastiques « à éviter » ou qui sont « sources de problèmes » persistent.
En ce qui concerne la gestion des déchets, plusieurs délégués ont appelé à tirer profit de la traçabilité des plastiques pour contrer certaines pratiques comme les rejets et l’incinération en plain air.
Certains délégués ont appelé à maîtriser le transport transfrontalier des déchets en plastiques, évoquant les défis à relever quant à la gestion de ces déchets reçus par certains pays et appelant à éviter « le double poids, double mesure », dans l’application de la Convention de Bâle sur le Contrôle des Mouvements transfrontaliers des déchets dangereux et non dangereux et de leur élimination.
D’autres représentants des pays participant ont souligné la nécessité de mettre en exergue le problème de transfert des déchets vers les pays en voie de développement, appelant à insérer dans le nouveau instrument juridiquement contraignant contre la pollution plastique, des mesures fermes de transparence pour résoudre ce problème.
Avec TAP