La confiance dans le marché s’est évanouie. Les banques ne se fient plus les unes aux autres. Peut-on encore avoir confiance dans les actifs inscrits au bilan des institutions financières ? La crise financière qui secoue la Tunisie et la BVMT n’est pas simplement une crise de liquidités ou de solvabilité, mais avant tout une crise de confiance.
Notre économie apparaît en réalité comme un château de cartes, étant donné que notre système repose entièrement sur la psychologie des individus ! Notre propension à consommer, à investir, à épargner… – et donc la santé économique et financière de tout le système – est largement influencée par notre perception de notre richesse réelle et/virtuelle.
La dérégulation de tout le système est source d’abus en tous genres. Nous en relèverons deux. Premier abus, la prise de risques excessive et autodestructrice de la part des professionnels de la finance, leur appétit du gain démesuré, ne sont là que des épiphénomènes qui ne sont en rien responsables de la crise financière.
Certes, le capitalisme néolibéral débridé dans lequel la Tunisie est plongée depuis 1990 est devenu une religion, avec ses grands imams en cols blancs sauf que comme dans toute religion, le fondement, la foi.
Deuxième abus, cette croyance en la perpétuité du système qui nous prépare à un énième plan de réforme financière, parce que la crise devient insoutenable. Les Tunisiens continueront à accepter de faire fonctionner à plein régime la planche à billets, peu préoccupés par l’inflation, par l’endettement public qui la sous-tend, ni par la volatilité des taux d’intérêt à des sommets inhabituels en Tunisie…
En réalité, nous sommes tous dans le même bateau. Sauf qu’il nous faut suffisamment des gilets de sauvetage pour tout le monde, sauf pour ceux qui nous font chavirer… ils quittent le bateau à la première risée soutenue.
Le syndrome nous affecte tous. Nous nous identifions à ceux qui ont détourné la croissance, l’emploi, le pouvoir d’achat et la sécurité… à leur profit. Nous sommes tous coupables d’avidité. Une avidité présente en chacun de nous.
Il est temps de briser ce cycle infernal de notre recherche effrénée de consommation et de notre endettement excessif. Le système déraille, une réforme morale s’impose.
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* Dr. Tahar EL ALMI,
Economiste-Economètre.
Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,
Psd-Fondateur de l’Institut Africain
D’Economie Financière (IAEF-ONG)