Démotivation, manque de considération et de communication, dysfonctions du management, salaire, état des transports publics… Tous ces facteurs que l’on oublie souvent de citer lorsqu’on évoque l’absentéisme et les retards, notamment dans le service public. Une question qui doit nous interpeler en ce 1er mai, fête du travail.
La boutade a fait un temps le tour de la Tunisie. La voici : il y a trois choses qui, lorsqu’elles s’en vont, ne reviennent pratiquement plus. Premièrement, la santé, lorsqu’on est atteint d’une maladie chronique. Deuxièmement, le temps qui passe et qui s’écoule malgré nous, insaisissable qu’il est. Troisièmement, l’employé tunisien qui sort de son bureau en début d’après-midi pour ne plus le retrouver que le lendemain.
Une boutade– vous l’avez compris- utilisée pour donner toute la mesure de l’absentéisme dans notre pays. Et évidemment chacun y va de sa remarque, de son témoignage, voire de son chiffre. Car des études faites au sujet de l’absentéisme, il n’y a que cela. L’une d’entre elles, nous dit que le fonctionnaire ne travaille que « huit minutes par jour ». On nous précise, par ailleurs, que le taux d’absentéisme, dans certaines structures, « a atteint 65 % ». Ou encore qu’en comptant évidemment les absences, les congés et autres repos plus ou moins légaux, le Tunisien ne travaille que « 105 jours sur les 365 que compte l’année ».
Evidemment, l’on ne peut généraliser. Ni encore exagérer le propos. Et c’est là des images d’Epinal qui ne racontent pas toujours le vécu. Car, y compris dans la fonction publique, des employés cravachent dur. Ils croulent tous les jours sous des dossiers.
Il joue la montre
Et ne parlons pas des retards! Pour certains, il suffit de voir la circulation entre 8 h30 et 9 heures pour s’en rendre compte. Décidément, le Tunisien n’est pas un travailleur. Et même lorsqu’il est présent au bureau, il joue, pour ainsi dire, la montre! Il traîne devant ses dossiers et consacre un certain temps à siroter son café ou encore à discuter du dernier match.
Évidemment, l’on ne peut généraliser en évoquant l’implication du Tunisien dans son travail. Ni encore exagérer le propos. Et c’est là des images d’Epinal qui ne racontent pas toujours le vécu. Car, y compris dans la fonction publique, des employés cravachent dur. Ils croulent tous les jours sous des dossiers. Comme ils arrivent et partent à l’heure. Lorsqu’ils ne restent pas au bureau au-delà du temps qu’ils doivent à l’administration. Et oui, cela existe.
Un « habitus »
La question des absences et autres retards ne peut qu’interpeler plus d’un en ce 1er mai, fête du travail. Et qui, par un hasard du calendrier, est du reste chômé dans de nombreux pays du monde. Commémorant, comme chacun le sait, une grève de 1886 qui s’est tenue bien loin de chez nous : aux Etats-Unis d’Amérique.
Disons que le phénomène, pour citer un autre grand de ce monde, l’anthropologue français Marcel Mauss, est, par essence, « total ». Comprenez qu’il s’explique par beaucoup de facteurs dont une partie ne dépend pas d’un ADN tunisien, comme le pensent certains.
Mais pourquoi cet absentéisme et ces retards que l’on déplore et sanctionne ici et là? Tout le monde sait qu’ils ne sont pas le fait d’un « habitus » tunisien. Le concept est du sociologue français Pierre Bourdieu qui le définit comme ce qui « permet à un individu de se mouvoir dans le monde social et de l’interpréter d’une manière qui d’une part lui est propre ».
Évaluer le rendement des fonctionnaires
Disons que le phénomène, pour citer un autre grand de ce monde, l’anthropologue français Marcel Mauss, est, par essence, « total ». Comprenez qu’il s’explique par beaucoup de facteurs dont une partie ne dépend pas d’un ADN tunisien, comme le pensent certains : la démotivation, le manque de considération et de communication, les dysfonctions du management, le salaire, l’état des transports publics…
En fait, des facteurs que l’on ne peut que prendre un à un et auxquels il faut trouver sans doute une solution. Maintenant que certaines informations font état d’un projet de texte pour évaluer le rendement des fonctionnaires et revoir évidemment les notes administratives concernant cet aspect et les primes en rapport!