Dans son rapport annuel sur la liberté de la presse en Tunisie, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) tire la sonnette d’alarme et évoque plusieurs « dérives qui menacent la liberté d’expression ».
Lors d’un point de presse tenu au siège du SNJT le 3 mai 2024 – qui coïncide avec la Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai de chaque année -, le président du syndicat, Zied Dabbar, est revenu sur les grandes lignes du rapport en question. D’après lui, les chiffres sont inquiétants. Le syndicat a dénombré en 2023 : 19 cas d’incitation (à la haine/violence/discrimination), 6 cas de violence verbale, 6 agressions physiques et 1 cas de menace.
Le rapport établit les catégories des « parties responsables de la violation du droit d’accès à l’information ou à l’obtention de l’information ». Il s’agit de : – Les présidents des centres de vote (98) – policiers (19) – Fonctionnaires (12) – Les dirigeants des établissements médiatiques – Responsables locaux (6) – Justice (10) – Responsables gouvernementaux (5) – Réseaux sociaux (5) – Coordinateurs locaux de l’ISIE (5) – Le président de la République (4) – Chargés de communication (4) – Comités d’organisation (4) – Ministères (3) – Députés (2) – Fonctionnaires de l’ISIE – Inconnus (2) – Armée (1) – Partisans de partis politiques – Hackers (1) – Artistes (1) – Citoyens (1) – L’ISIE (1).
Le syndicat cite également des violences relatives à des tentatives d’obtention d’information. Il s’agit de – Interdictions de travail (56) – Interdictions de circulation de l’information – Détentions abusives (3) – Censures préalables (6) – Censures (4).
Le cas de violence montre une hausse à travers les mois de 2023. – Janvier 12 – Février 32 – Mars 14 – Avril 15 – Mai 18 – Juin 16 – Juillet 12 – Août 10 – Septembre 20 – Novembre 13 – Décembre 39.
Quant aux violences, leur nombre est passé de 193 en 2020 à 211 en 2021. À noter que l’année 2023 a enregistré 257 cas d’agressions.
Pour toutes ces raisons, Zied Dabbar affirme, en guise de recommandation pour la réforme du secteur, la nécessité de l’ouverture du pouvoir exécutif sur les structures de la profession et la désignation d’une partie unique pour lancer des discussions basées sur une approche de concertation et de consensus pour mettre en place une politique publique pour le secteur de la presse. Il souligne la nécessité que le pouvoir législatif et exécutif prennent conscience du rôle des médias publics et privés. Et de souligner l’importance de protéger les journalistes de la pauvreté, de la marginalisation et de la privation.
Il appelle également à mettre fin à la chasse aux journalistes et à leur poursuite sur la base de lois « n’ayant aucun lien avec l’esprit de la profession, notamment le décret 54 »…