La presse israélienne a été en ébullition d’avertissements et d’analyses à la suite de la décision soudaine de la Turquie d’arrêter complètement ses exportations vers Israël, qualifiée par les journaux israéliens de décision « incitée » par le président turc Recep Tayyip Erdogan. Cette décision a déclenché une vague d’inquiétude dans tous les secteurs économiques israéliens, alors que les experts et les parties prenantes se sont précipités pour évaluer et aborder les multiples implications de cette mesure.
Le ministère turc du Commerce a annoncé l’arrêt de toutes les exportations et importations vers et depuis Israël, mettant en avant « l’exacerbation de la tragédie humanitaire » dans les territoires palestiniens. Dans un communiqué publié jeudi 2 mai 2024, le ministère précise : « Les transactions d’exportation et d’importation liées à Israël ont été suspendues, y compris tous les produits ».
Il a ajouté : « La Turquie appliquera ces nouvelles mesures de manière stricte et décisive jusqu’à ce que le gouvernement israélien autorise un flux ininterrompu et adéquat d’aide humanitaire vers Gaza ».
Un article du journal israélien Calcalist, spécialisé dans l’analyse du réseau économique complexe entre Israël et la Turquie, va en profondeur sur les implications du boycott turc. Yigal Maor, un expert naval israélien affilié à l’Institut d’études sur la sécurité nationale, explique que l’arrêt soudain des exportations menace de déstabiliser les chaînes d’approvisionnement d’Israël, étant donné que la Turquie fournit de nombreux biens essentiels. De la consommation aux matériaux de construction et aux pièces automobiles, l’absence de la Turquie sur la liste des importations israéliennes pourrait entraîner d’importantes perturbations, susceptibles de conduire à des pénuries et à des hausses de prix dans divers secteurs.
Maor souligne également que le contrôle par la Turquie de voies maritimes vitales ajouterait une complexité géopolitique supplémentaire, avec le risque de perturbations supplémentaires paralysant les infrastructures d’importation et d’exportation d’Israël. L’économie israélienne, fortement dépendante des importations turques, se prépare à une contraction majeure, avec des prévisions indiquant une perte potentielle de plusieurs milliards de revenus commerciaux.
Le journal israélien The Jerusalem Post se concentre quant à lui sur le secteur de la construction, pierre angulaire de l’économie israélienne, qui est au bord de l’effondrement. Les entrepreneurs du pays dressent un tableau désastreux d’une industrie confrontée à une véritable tempête de pénurie de main-d’œuvre et d’embargos commerciaux, avec des retards importants dans les projets de construction à travers le pays. Les appels à l’intervention du gouvernement se multiplient pour atténuer les pénuries de main-d’œuvre, faciliter les importations et éviter un effondrement potentiellement catastrophique.
Dommages diplomatiques
En outre, un rapport de Calcalist souligne les ramifications diplomatiques du boycott turc, évoquant un changement catastrophique dans les relations diplomatiques et la possibilité d’isoler davantage Israël sur la scène mondiale. La perte potentielle de revenus de l’État souligne l’urgence d’efforts diplomatiques pour désamorcer les tensions et rétablir des relations bilatérales normales.
Dans un développement connexe rapporté par Globes, l’imposition par la Turquie d’une interdiction d’exportation vers les ports israéliens constitue un sombre rappel de l’escalade des tensions entre les deux pays. Alors que les entreprises des deux côtés cherchent des solutions alternatives, les perspectives d’une solution rapide restent incertaines.