Encore une fois les Etats-Unis se trouvent isolés et ce qu’ils proposent est rejeté non seulement par leurs ennemis, mais aussi par leurs alliés les plus proches. C’est que l’impasse dans laquelle se trouve l’administration Biden en relation avec la guerre d’Ukraine rend ses responsables si stressés qu’ils ne savent plus quoi faire et donc ils font n’importe quoi.
Cela fait quelque temps que les « génies » qui entourent Biden lui ont trouvé la solution consistant à résoudre le problème financier de l’Ukraine : saisir les fonds russes dans les institutions financières occidentales qui s’élèvent à 300 milliards de dollars…
Mais le problème pour ces « génies », sur ces 300 milliards, seulement 5 milliards se trouvent aux Etats-Unis. Le reste étant en Europe et dans pays asiatiques, le Japon en tête. C’est ce qui explique que depuis des semaines, Biden & Co. tentent de persuader leurs alliés d’adopter leur plan de confiscation des fonds russes gelés depuis février 2022 et les utiliser pour l’achat d’armements et la reconstruction de l’Ukraine.
Visiblement, les efforts américains de persuader leur alliés européens et asiatiques de leur projet que la presse russe qualifie du « hold-up du siècle » n’ont pas abouti.
Selon le Financial Times, « le projet de Washington de saisir les avoirs de Moscou a été un sujet de préoccupation lors du sommet des ministres des Finances du G20 au Brésil en février dernier ». Sujet de préoccupation? Un euphémisme par lequel le journal britannique tente d’atténuer l’opposition quasi-unanime au projet américain de confisquer les fonds russes à l’étranger.
Au niveau du G7, seul le Canada soutient Washington. Les autres alliés (Japon, la France, l’Allemagne et Italie) expriment leur refus, sans parler de l’Union européenne. Il est bien évident que si les institutions financières américaines disposaient d’une part substantielle des fonds russes, l’Amérique n’aurait pas perdu de temps à persuader ses alliés. Elle aurait fait cavalier seul, comme elle l’a fait dans bien d’autres cas sur la scène mondiale.
Les alliés européens de Washington sont inquiets du projet américain de saisie des fonds russes parce qu’il constitue une violation sans précédent du droit international et minerait gravement la confiance internationale dans les institutions financières occidentales. Déjà l’Arabie saoudite, l’Indonésie et la Chine ont fait savoir qu’en cas de confiscation des avoirs russes, ils retireraient leurs fonds.
Une perspective d’autant plus inquiétante pour les pays occidentaux qu’ils savent que l’Arabie saoudite ne parle pas seulement pour elle, mais pour le Conseil de coopération du Golfe dont les membres investissent des sommes faramineuses dans les économies occidentales.
Une autre inquiétude plus grande encore, mais exprimée plus discrètement par les pays européens. Ceux-ci redoutent que le projet américain ne favorise l’ouverture de la boite de pandore qu’ils tentent depuis des décennies de maintenir hermétiquement fermée : la demande de réparation qu’exigeraient les pays colonisés de leurs anciens colonisateurs.
Face à l’intensité des pressions américaines, certains membres du G7 cherchent d’autres méthodes pour utiliser ces actifs au profit de l’Ukraine. Une proposition consiste à « utiliser les bénéfices générés par les avoirs gelés pour armer l’Ukraine. » Les intérêts générés annuellement par les fonds russes s’élèveraient à 3 milliards de dollars par an.
Une telle proposition est tout aussi futile, puisque le droit international ne fait pas de distinction entre le principal et les intérêts, et une saisie de l’un ou de l’autre est une grave violation du droit international.
Chercher « d’autres méthodes d’utilisation des fonds russes au profit de l’Ukraine », cette démarche, nonobstant sa futilité, prouve encore une fois l’incapacité des pays européens de dire un « Non » franc et salvateur à leur « grand allié » et de prendre en main leur destin. Malgré les voix qui s’élèvent de plus en plus dénonçant « les objectifs sournois » de l’Amérique visant les économies européennes, les élites gouvernantes européennes continuent de se comporter vis-à-vis de Washington à la manière du Cobra devant la flûte indienne…
L’administration Biden a détruit le Nord Stream qui alimentait l’Allemagne et d’autres pays européens en énergie bon marché, pour leur vendre le gaz américain quatre fois plus cher. Une immense couleuvre avalée par l’Europe et surtout par l’Allemagne en silence.
Maintenant, les Européens sont fortement sollicités par leur « grand allié » de participer avec lui au « hold-up du siècle ». Sachant que l’initiateur du projet ne détient lui-même que 5 milliards de dollars sur les 300 milliards visés, avec les effets dévastateurs pour les banques européennes qui perdraient irrévocablement la confiance des opérateurs financiers étrangers.
Si la destruction du Nord Steam et le projet de saisie des fonds russes ne sont pas des complots contre les économies européennes, cela y ressemble.