Les autorités monétaires appuient en même temps sur le frein monétaire et sur l’accélérateur … et le tour de passe-passe financier continue. Nous sommes en présence de la grande falsification historique, tant dans ses modalités que dans son ampleur.
Les autorités monétaires tunisiennes nous offrent un spectacle d’illusionnisme en matière de rigueur. Elles donnent l’impression de réduire la liquidité là où l’attention est portée, mais en réalité, elles l’augmentent ailleurs.
Elles agissent telles des illusionnistes, détournant votre regard là où il n’y a plus rien à voir, tout en accélérant secrètement ailleurs. Elles freinent (pour réduire les tensions inflationnistes) d’un côté, et pour accélérer (pour soutenir l’activité économique) subrepticement de l’autre !
Il est important de comprendre que nos banquiers centraux n’ont pas découvert le moyen de sortir des politiques monétaires orthodoxes. Elles ont plutôt monté un simulacre pour le faire croire, mais objectivement et concrètement, elles restent, et resteront à terme, englués dans une impasse dans l’issue, et c’est la stagflation (plus d’inflation et plus de chômage) !
Depuis une décennie, elles jouent sur un clavier : quand un secteur financier se grippe, elles appuient sur une autre touche pour compenser l’effet restrictif de façon discrète, ce qui trompe les observateurs et les pousse à tirer de fausses conclusions.
En réalité, il n’y a jamais eu de resserrement monétaire effectif, expliquant ainsi la résilience économique globale de l’économie et la vigueur des marchés (financier, boursier, immobilier.).
Le resserrement est une illusion, toujours compensée ailleurs, mais notez-le bien, toujours en se rapprochant du centre d’un systèmeformé par le couple « banque centrale – structures administratives », via des montants de plus en plus astronomiques.
La légère décélération historique des prêts bancaires s’est arrêtée au premier trimestre 2023. Ce ralentissement du crédit est généralement associé à des conditions de récession amplifiées par la pandémie du COVID.
En réalité, l’expansion rapide des emprunts du secteur financier a recréé les excès de liquidités ailleurs, exacerbant la spéculation sur les marchés financiers et immobilier au point de générer une double bulle. Alors que les prêts bancaires avaient ralenti, cela a été plus que compensé par l’action du puissant lien entre la providentielle sphère informelle et les opérateurs de la sphère spéculative.
Pour autant, inflation est là, pour longtemps.
Ce qui nous amène à nous poser deux questions :
Sommes-nous vraiment arrivés à la fin d’un processus endettement – monétisation de la dette publique ?
Est possible que la hausse des prix recule vraiment ?
Toutes les recherches que nous avons faites suggèrent que la hausse des prix (l’inflation) est « structurelle »: dit autrement, générée et sous-tendue par la déviance des marchés.
Les paramètres (une politique monétaire inopérante et une sphère financière informelle incontrôlable) que nous venons de mentionner sont toujours reproductibles avec les résultats que l’on connait.
Résultat des courses, il y aura une lutte entre la stabilité des prix (réduction de l’inflation monétaire) et la stabilité du système (création monétaire pour lutter contre la panique bancaire).
Le Gouverneur de la BCT, est comme un acrobate monté sur un fil en équilibre, le fil de la transition démocratique. D’une main, il tient le couffinde la stabilité des prix et du pouvoir d’achat. De l’autre, le couffin de la stabilité du système financier.
Cependant, l’objectif de la politique économique, est toujours le même : faire en sorte que le système monétaire et bancaire tourne, pour éviter la panique à double face : le pouvoir d’achat et le chômage.
A tout prix, il faut rassurer sur les deux tableaux.
Nous y reviendrons…