La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est entretenue, lundi 6 mai 2024, avec le président chinois, Xi Jinping, en visite en France, sur les politiques qui, selon elle, constituent une menace de désindustrialisation dans le bloc.
Le dirigeant chinois est arrivé dimanche 5 mai en France dans le cadre d’un voyage de six jours dans trois pays en Europe, son premier depuis 2019. La cheffe de l’exécutif européen a déclaré avoir discuté des « déséquilibres actuels » du commerce chinois lors de ses entretiens avec Xi.
« La Chine fabrique actuellement, avec des subventions massives, plus qu’elle ne vend en raison de la faiblesse de sa propre demande intérieure. Cela conduit à une offre excédentaire de produits chinois subventionnés, tels que les véhicules électriques et l’acier. Ce qui conduit à un commerce déloyal », a-t-elle affirmé.
« L’Union européenne ne peut pas accepter de telles pratiques de distorsion du marché qui pourraient conduire à une désindustrialisation en Europe », a ajouté von der Leyen.
Au cours des dernières semaines, les autorités de l’UE ont ouvert des enquêtes sur des pratiques chinoises présumées déloyales. Et notamment des restrictions sur la fourniture de dispositifs médicaux européens au marché asiatique et des subventions aux entreprises chinoises produisant des éoliennes, des véhicules électriques et des trains.
Parallèlement, la Chine a ouvert une enquête antidumping sur le brandy importé de l’UE. Ce qui affecte particulièrement les exportateurs français. Les enquêtes mutuelles sont perçues comme une confrontation croissante face au protectionnisme. Von der Leyen a plaidé pour une « réduction des risques » dans le commerce avec la Chine, mais n’est pas allée jusqu’à préconiser un découplage de la puissance économique.
Les membres de l’UE ont largement découplé leurs économies de la Russie dans le but de pénaliser Moscou à cause du conflit ukrainien. La perte d’accès au gaz naturel russe bon marché a frappé les industries à forte intensité énergétique d’Europe occidentale, obligeant les entreprises à délocaliser leur production vers d’autres sites. Les États-Unis figuraient parmi leurs principales destinations, le gouvernement ayant offert des subventions à certains producteurs dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation de 2022.
Dans un éditorial publié dans la presse française avant sa visite, Xi a déclaré que Pékin s’était engagé à ouvrir de « nouvelles perspectives » dans ses relations avec la France. Il a écrit : « La France fait progresser la réindustrialisation basée sur l’innovation verte. Tandis que la Chine accélère le développement de nouvelles forces productives de qualité ».
Après la France, le président chinois devrait se rendre en Hongrie, membre de l’UE, et en Serbie, pays non membre, mais favorable à la Russie.