Le Bureau de la Banque mondiale en Tunisie a organisé, le 8 mai 2024, une conférence de presse pour présenter le « Bulletin de conjoncture économique de la Banque mondiale pour la Tunisie », baptisé « Une énergie renouvelée pour l’économie – Printemps 2024 ». Lors de cet événement, le représentant-résident de la Banque mondiale pour la Tunisie, Alexandre Arrobbio, accompagné d’Amira Klibi, spécialiste senior de l’énergie, et de Massimiliano Cali, économiste principal, ont exposé les principales conclusions du rapport.
Arrobbio a souligné l’impact significatif de la sécheresse et a rappelé l’octroi d’un prêt de 300 millions de dollars destiné à renforcer la sécurité alimentaire en Tunisie.
Il a ensuite cédé la parole à Klibi et Cali qui ont présenté les principales observations du rapport.
Il ressort des intervention des deux spécialiste que le rapport a mis en lumière le fait que l’économie tunisienne en 2023 était toujours en deçà de son niveau d’avant la pandémie de Covid-19, ce qui en fait l’une des reprises les plus lentes de la région MENA. L’agriculture a été identifiée comme le principal frein à la croissance économique en raison d’un déclin de 11%, attribué en grande partie aux restrictions d’irrigation imposées en réponse à la sécheresse. Cette situation souligne l’urgence pour la Tunisie de s’adapter au changement climatique.
Moins de croissance et moins d’embauches
En outre, la faiblesse de la demande intérieure et les mesures d’assainissement budgétaire ont contribué à aggraver les pertes liées à la sécheresse. Le déclin des secteurs de la construction et du commerce a partiellement annulé les gains réalisés sur les marchés d’exportation, en particulier dans le tourisme.
Le ralentissement de la croissance a également entraîné une augmentation du chômage et une baisse du taux de participation au marché du travail, aggravant ainsi les défis auxquels la Tunisie est confrontée pour financer ses besoins extérieurs malgré une amélioration du solde de la balance courante.
Accélérer la transition énergétique
En réponse à ces défis, la Banque mondiale a recommandé d’accélérer la transition du secteur électrique vers les énergies renouvelables. Avec la dépendance croissante aux importations de combustibles fossiles, l’objectif du gouvernement tunisien de produire 35% d’énergie à partir de sources renouvelables d’ici 2030 devient crucial pour garantir la viabilité du compte courant et stimuler l’activité économique.
Le rapport souligne le potentiel inexploité de la Tunisie en matière d’énergies renouvelables, qui pourraient non seulement réduire les coûts de production d’électricité mais aussi contribuer à la croissance économique. Cependant, des investissements importants, estimés entre 27 et 35 milliards de dollars américains d’ici 2050, seront nécessaires pour soutenir cette transition. La Banque mondiale recommande un cadre réglementaire solide pour favoriser de tels investissements, ce qui permettrait à la Tunisie de progresser vers son objectif de 2030 en matière d’énergies renouvelables.