L’Assemblée générale des Nations Unies s’est réunie vendredi 10 mai à New York pour une session extraordinaire d’urgence sur la crise de Gaza et a adopté à une écrasante majorité « une résolution qui améliore les droits de la Palestine au sein de l’organisation mondiale en tant qu’État observateur, sans offrir une adhésion à part entière ». L’Assemblée a adopté la résolution à une écrasante majorité (143 pour, neuf contre et 25 abstentions).
Les neuf pays qui ont voté contre sont : l’Argentine, les États-Unis, la Hongrie, Israël, la Micronésie, Nauru, Palaos, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et la République Tchèque. Le vote négatif des Etats-Unis, d’Israël et des quatre îles minuscules sous domination américaine n’étonne personne. En revanche, les votes de l’Argentine, la Hongrie et la République Tchèque ont surpris plus d’un en se prononçant clairement contre la demande palestinienne, en dépit du génocide en cours à Gaza.
Ayant opposé leur véto au même projet de résolution au Conseil de sécurité le 18 avril, dernier, les Etats-Unis ont justifié leur vote négatif du 10 mai au motif que « les mesures unilatérales à l’ONU et sur le terrain ne promeuvent pas la solution des deux États. Le statut d’État palestinien ne peut provenir que de négociations directes entre les parties. »
Personne ne croit à cette justification fallacieuse pour la simple raison que tout le monde sait que Washington a toujours été l’intermédiaire malhonnête dans le conflit israélo-arabe, adoptant et soutenant la stratégie israélienne suivie depuis des décennies et consistant à rendre impossible l’établissement sur le terrain d’un Etat palestinien.
Les accords d’Oslo de septembre 1993 ont été vidé de leur contenu et 31 ans après, ne valent même pas l’encre avec laquelle ils ont été rédigés grâce au soutien diplomatique, miliaire et financier des Etats-Unis qui n’ont jamais cessé de parler de « solution de deux Etats à travers les négociations directes entre les parties ».
A la signature des accords d’Oslo, il y avait quelque 200 000 colons en Cisjordanie, ils sont près d’un million aujourd’hui et Washington continue de remâcher la rengaine de « deux Etats ». Tout en finançant la colonisation en Cisjordanie et fournissant les bombes pour le génocide à Gaza.
Depuis pratiquement sa création en 1948, et grâce au soutien indéfectible de l’Occident en général et de Washington en particulier, Israël ne rate jamais d’occasion pour montrer son mépris du droit international et l’Organisation des Nations Unies. Aucun dirigeant israélien, de David Ben Gourion à Benyamin Netanyahu, n’a jamais témoigné le moindre respect ni, encore moins, la moindre gratitude à l’Organisation qui a créé Israël par le vote du plan de partage le 29 novembre 1947.
Cependant, le 10 mai 2024 restera dans les annales de l’ONU. Furieux que l’Assemblé générale ait voté à la majorité de 143 membres en faveur de la Palestine, l’ambassadeur d’Israël, Gilad Erdan, monta à la tribune de l’ONU équipé d’un mini broyeur, y plaça une copie de la Charte des Nations Unies et s’adressa à l’Assemblée avec toute l’arrogance dont il était capable : « J’ai déchiqueté la Charte des Nations Unies. » !!!
Il est effarant de voir tant d’indifférence, pour ne pas dire de lâcheté, de la part d’une Organisation qui regroupe la planète entière vis-à-vis de l’un de ses membres qui, depuis 75 ans, ne cesse de lui faire subir humiliation sur humiliation.
Pourquoi le secrétaire général n’a pas réagi à cette humiliation ne serait-ce qu’en condamnant fortement une atteinte aussi grave au fondement de l’Organisation qu’il dirige et à son honneur?! Pourquoi aucune voix ne s’est élevée dans l’enceinte de l’ONU pour exiger ne serait-ce qu’un vote symbolique sur l’expulsion de ce membre-paria?
Le spectacle de la Charte des Nations Unies déchiquetée et disparaissant en petits morceaux au fond d’un broyeur est une traduction pathétique du dédain, du mépris et de l’arrogance avec lesquels l’Etat-paria israélien s’est toujours comporté vis-à-vis de l’Organisation qui l’a fait naitre en cette journée noire du 29 novembre 1947.
Depuis le 7 octobre 2024, l’Etat israélien est entré dans un état d’irrationalité et d’hystérie sans précédent contre les Palestiniens. Depuis le 22 février 2022, l’empire américain est entré dans un état d’irrationalité et d’hystérie contre les Russes. L’un et l’autre pataugent dans les bourbiers sanglants que leurs folles politiques ont générées en Palestine et en Ukraine, mettant en danger la survie même de la planète et des habitants.