Le secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a appelé, lundi 13 mai 2024, les autorités libanaises à « ouvrir la mer » aux réfugiés syriens, dans le but de faire pression sur l’Union européenne et les États-Unis pour qu’ils les aident à « rentrer dans leur pays et leur apporter de l’aide là-bas ».
Nasrallah a déclaré, dans un discours télévisé en direct devant une foule de ses partisans à Beyrouth : « Ayons une résolution nationale qui dit que nous avons ouvert la mer. Ô Syriens déplacés, frères, tous ceux qui veulent partir pour l’Europe, vers Chypre, cette mer est devant vous et embarquez. Montez à bord ».
Il a ajouté : « Nous n’avons jamais proposé de forcer les Syriens déplacés à monter à bord des navires […] Nous appelons à leur donner cette marge […] Ils sont désormais interdits, alors ils passent par la contrebande et dans des canots pneumatiques et se noient dans la mer, parce que l’armée libanaise met en œuvre une décision politique visant à empêcher l’immigration ».
Le Liban, qui connaît une grave crise économique depuis l’automne 2019, affirme accueillir environ deux millions de Syriens, dont moins de 800 000 sont enregistrés auprès des Nations unies. Ce qui représente le plus grand nombre de réfugiés au monde par rapport à la population.
Les autorités considèrent ce dossier comme un fardeau qu’elles ne peuvent plus supporter après quatre ans d’effondrement économique chronique. Le ton hostile envers les réfugiés s’est récemment intensifié, sur fond de consensus parmi les principales forces politiques sur la nécessité de trouver une « solution radicale » en les renvoyant dans leur pays.
« Consensus national »
Nasrallah a estimé que la disponibilité d’un « consensus national » sur l’ouverture de la mer aux réfugiés suffirait à pousser l’Union européenne et les États-Unis à contribuer à la recherche d’une solution.
Il a appelé le Parlement à faire pression sur Bruxelles et Washington pour qu’ils lèvent les sanctions imposées à la Syrie, qui entravent le processus de reconstruction. Il a déclaré : « Si les sanctions contre la Syrie ne sont pas levées, les réfugiés ne pourront pas être renvoyés ».
Les positions de Nasrallah interviennent à la veille de la reprise par le Liban, mardi 14 courant, du processus de « retour volontaire » des réfugiés vers la Syrie, à travers deux postes frontaliers dans l’est du pays, après une interruption qui a duré un an et demi.
Craintes d’une tendance occidentale à maintenir les Syriens au Liban
De son côté, Chypre affirme être témoin d’un afflux croissant de migrants syriens en provenance du Liban de manière irrégulière, en raison de l’escalade entre le Hezbollah et Israël, qui a affaibli les efforts du Liban pour surveiller ses eaux territoriales et empêcher le départ des bateaux de migrants.
L’annonce de l’aide européenne a suscité l’inquiétude des principaux partis et religieux, qui ont exprimé leurs craintes d’une tendance occidentale à maintenir les Syriens au Liban (Tawtin).
Huit organisations de la société civile, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont exprimé dans une déclaration commune leur crainte que l’aide de l’Union européenne ne conduise à « un retour forcé de réfugiés, rendant le Liban et l’Union européenne complices de violations du principe de droit international coutumier de de non-refoulement » des mesures coercitives, qui obligent les États à ne pas renvoyer de force des personnes vers des pays où elles risquent d’être persécutées ou subir d’autres violations graves des droits humains.