En partenariat avec l’association allemande des voyagistes DRV, la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV) a initié une étude portant sur les obstacles juridiques au développement du tourisme alternatif et durable en Tunisie.
Lors d’une conférence de presse organisée jeudi 16 mai 2024, un ensemble de solutions destinées à être mises en œuvre pour la levée des obstacles actuels ont été présentées.
Etablies sous forme de recommandations, elles émanent de cette étude qui a œuvré à cerner les difficultés administratives et juridiques rencontrées par les professionnels agissant dans la branche du tourisme alternatif et durable élaborée par un comité inter-fédérations professionnelles et ce afin de proposer des solutions aux freins rencontrés actuellement et pour favoriser un bon épanouissement au secteur dans un environnement favorable.
Les présidents des 4 fédérations professionnelles, à savoir Ahmed Bettaieb pour la FTAV, Dora Milad pour la FTH, Houssem Ben Azouz pour la Fi2T (Fédération interprofessionnelle du tourisme), et Mehdi Hachani pour la FTGAT (Fédération tunisienne des guides agréés de tourisme), ont, à cette occasion, unanimement lancé un vibrant appel aux différentes autorités de tutelle afin de prendre en considération les recommandations émanant de cette étude de plusieurs mois qui a été réalisée sur le terrain par un comité d’experts, notamment juridiques.
Dans le cadre de cette étude, financée par la BMZ, coordonnée par la SEQUA et exécutée en Tunisie par la DRV et son programme relatif au tourisme alternatif et durable, les experts ont, dans une première phase, examiné les textes juridiques et législatifs en vigueur dans ce secteur.
Dans une seconde étape pratique, ils ont effectué un travail de terrain auprès des opérateurs, à savoir les promoteurs des chambres/maisons/tables d’hôtes et gîtes ruraux, des organisateurs d’activités de plein-air (randonnées équestres, Trekking, VTT…) mais aussi les guides et les agents de voyage et également les associations concernées afin d’identifier et de relever la somme des difficultés qu’ils rencontrent pour pouvoir mener à bien leurs projets et leurs activités.
Me Wassim Allouche, avocat et expert mandaté pour conduire le projet, a expliqué que la principale conclusion à retenir de cette étude est la récurrence des restrictions règlementaires aux projets touristiques et parfois l’absence de texte d’application. « Les textes régissant le secteur sont sources de complexité et de lenteur administrative », a-t-il déclaré.
L’expert juridique a, par ailleurs, précisé que « le législateur tunisien a certes tenté de permettre un encadrement interdisciplinaire du secteur afin d’étudier les retombées que peut susciter un tel développement du domaine, sauf que l’aspect bureaucratique de sa gestion en inhibe son évolution ; cela n’a donné lieu qu’à des freins institutionnels aux projets du tourisme alternatif et durable au risque malheureusement d’une fonction irrégulière et sans aucun apport notable ».
Cette démarche s’inscrit en définitive dans une volonté de favoriser le développement de ce secteur eu égard à ce qu’il peut apporter à la destination tunisienne en termes de diversification de l’offre, de modernisation de son image et de son apport économique et social de manière générale. Elle a pour but également d’encourager les professionnels du tourisme à adopter des pratiques durables et sensibiliser les touristes à l’importance de voyager de manière responsable.
A l’issue du processus, le comité d’étude des obstacles juridiques pour le tourisme alternatif et durable en Tunisie a défini les principales recommandations suivantes :
– Elaborer et promulguer un « Code du Tourisme » unique comprenant un chapitre spécifique au tourisme alternatif et durable. Ce code permettrait de mettre fin au labyrinthe procédural actuel auquel font face les promoteurs en mettant en place un cadre unique pour, d’abord garantir une meilleure cohérence et une compréhension claire des règles et des procédures à suivre pour les acteurs du secteur, et ensuite simplifier le suivi et le contrôle de l’activité, à la fois avant et après la mise en place de l’exploitation, par les ministères compétents et leurs organes subsidiaires.
– Simplifier les procédures à travers la mise en place d’une plateforme regroupant tous les intervenants pour le suivi des dossiers déposés avec un droit de suivi instantané. Elle permettra également une meilleure coordination entre les acteurs institutionnels et une meilleure conformité des opérateurs aux formalités administratives. Cela permettra également une meilleure gestion des certifications et des procédures relatives à l’octroi des accords qui, actuellement, diffèrent d’une région à une autre et imposent des formalités administratives disparates.
– Encourager, accompagner et promouvoir le tourisme alternatif et durable par un appui au niveau marketing qui permettra de soutenir les projets et par un appui financier pour la mise à niveau du secteur. Il s’avère nécessaire également d’accompagner les nouveaux projets au niveau régional et local durant tout le processus de création, d’installation et de démarrage effectif de l’activité par la création de structures mixtes regroupant tous les acteurs (ministère, structures régionales de l’ONTT, fédérations, associations, experts…).
– Création de projets labellisés par l’application de normes dans le but de faciliter l’obtention de certifications environnementales ou de labels de qualité. Les procédures simplifiées qui seront mises en place pourront inciter les acteurs du secteur à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement et des communautés locales. Cela permettra la consécration d’une stratégie éco-circulaire à travers les textes tout en prenant compte de la protection des prestataires du service et des demandeurs. Cette démarche contribuera par ailleurs à promouvoir la durabilité et la protection de l’écosystème tout en développant le secteur touristique de manière responsable.
Les défis du tourisme alternatif et durable
Le tourisme alternatif et durable s’impose – tel que souligné par la CNUCED – comme un secteur « à haut potentiel, un véritable gisement de richesses et l’une des seules possibilités viables de diversification économique, surtout pour les pays en développement ». En se basant sur ces faits, la Tunisie, comme bon nombre d’Etats en développement, fait en sorte de s’organiser juridiquement dans le but d’encadrer et de développer le secteur du tourisme alternatif et durable et à identifier ses acteurs.
Toutefois, la logique du développement associée au tourisme peut s’avérer parfois paradoxale vu que l’encadrement d’un secteur nouveau face à des impacts considérables sur l’environnement, le terroir et les populations des pays d’accueil nécessite une organisation aussi bien législative qu’administrative et humaine.
Avec communiqué